Merci les amis pour votre intérêt à cette nouvelle étude.
Jérôme, je partage bien ton avis. Ce petit chasseur de transition m'a toujours séduit.
Fin des années 60, Frog l'avait sorti au 1/72 en version à moteur Mercury, d'abord en sachet (comme ça se pratiquait beaucoup à l'époque) ...
... avec les décorations néerlandaises et finlandaises, mais dans un moulage unique en rapport avec l'avion néerlandais, qui n'était pas applicable en l'état à l'avion finlandais.
Novo et d'autres marques des pays de l'Est l'avaient reboités à leurs comptes, sans modification ni apport de moulages.
parfois en modifiant la décoration comme ici avec l'exemplaire acquis par l'Armée Républicaine Espagnole
Au 1/48, c'est Special Hobby qui a produit les deux versions. Dommage que le fabricant n'ait pas souhaité les convertir au 1/32.
Classic Airframes l'a sorti aussi en version Mercury avec quelques erreurs de forme et de camouflage
Voilà pour la présentation succincte et
non exhaustive de ce qui existe au sujet de cette maquette.
Comme je le disais ci-dessus, ICM serait bien dans la mouvance de sa parution en styrène et il serait judicieux que les maquettistes intéressés le contacte par courriel en le leur proposant! (je crois que je vais le faire!).
Description de l’avion & résumé historique :Le projet du futur Fokker D-21 voit le jour sur les tables à dessin de l’usine d’Amsterdam Nord, en août 1934, à la suite de la demande de l'aviation militaire de l'Armée Royale des Indes Néerlandaises, en abrégé « LA-KNIL » (corps aérien totalement distinct de la LVA, l’armée de l'air néerlandaise), afin de disposer d’un intercepteur moderne capable de s’opposer aux velléités des Japonais dans les possessions des Indes Néerlandaises.
Il s’agit d’un chasseur monoplace à ailes basses cantilever au dièdre neutre, train fixe, muni de volets hypersustentateurs à deux positions et doté d’un moteur en étoile de 9 cylindres, le Bristol Mercury IV S, développant 645 cv et entrainant une hélice bipale.
La construction fait appel aux tubes d’acier soudés en chrome molybdène pour le fuselage. La partie avant est revêtue de panneaux d’aluminium et le reste est entoilé. La structure des parties mobiles est en acier revêtu de toile.
Schéma d'époque issue "de sur la planche à dessins".
L’aile monobloc au profil épais possède deux longerons en épicéa et les nervures sont aussi en bois.
Le revêtement est en bakélite-triplex collé ce qui lui confère une structure solide et très lisse.
Le train d’atterrissage est fixe avec des roues carénées.
L’armement est composé de mitrailleuses de 7,7 mm : 2 dans les ailes et une autre dans le fuselage.
Le premier vol du prototype est effectué à Eindhoven en février 1936.
Etonnamment, ni la « LA-KNIL », qui a pourtant payé intégralement l’étude de l’avion, ni la LVA ne passent commande à Fokker qui va continuer provisoirement la construction sur ses fonds propres.
Le D-21, l'oeuvre d'Erich Schatzki et de son équipe:Antony Fokker ne s’est guère investi dans le D-21 et c’est au chef de projet Erich Schatzki, que l’on doit sa conception et sa mise au point.
L’occupation des Pays Bas par les nazis met la vie de cet ingénieur juif et celle de sa famille en grand danger.
Il échappe de justesse à son arrestation par la SS grâce à la complicité de son ami Karl August Von Gablenz, chef pilote de la Lufthansa, devenu officier dans la Luftwaffe, qui lui fournit ainsi qu'à sa famille des laissez-passer officiels de la Gestapo.
En 1937, Von Gablenz, écrit un ouvrage sur la renaissance de l'aviation allemande;
il est édité par Pamirflug: Lufthansa D-ANOY (Bezwingt Den Pamir).
réédité, mais hélas toujours pas traduit depuis "la langue de Goehte".
Von Gablenz, est issu de vieilles familles teutonnes traditionnalistes.
Il ne se situe pas vraiment dans la mouvance du parti national socialiste de Hitler et comme beaucoup d'autres à cette époque troublée, il est contraint de compenser avec ses idées et la montée du nazisme.
Le 21 août 1942 à Mühlberg (Allemagne), il disparaît de façon étrange dans un accident d’aviation non élucidé.
Certaines sources avancent qu'il a fait l’objet d’une exécution maquillée en accident par sabotage de son appareil.
Après un périple rocambolesque et difficile dans plusieurs pays, Schatzki s’expatrie avec sa famille aux USA où il est finalement embauché par De Seversky chez qui il travaille sur la mise au point du P-35.
A l'issue de la destitution de De Seversky par l'état américain, (il a eu la mauvaise idée de vendre le P-35 au Japon juste avant "Tora Tora Tora "!) puis le "rachat forcé de son entreprise" et le changement de son nom en Republic, il poursuit sa carrière avec l’ingénieur Kartveli au sein de la nouvelle firme et oeuvre activement aux projets du P-43 Lancer puis du célèbre P-47 Thunderbolt.
L'ingénieur Erich Schatzki, après guerre, aux commandes d'un jet de l'Air Force.
Début des "emmerdes"!De nombreux problèmes ponctuent la vie du Fokker D-21
qui subit même une interdiction de vol à l’approche du second conflit mondial, à cause d’inquiétantes criques dans les réservoirs de carburant.
Aux Pays Bas, il est qualifié « d’avion surprenant ».
Il est loin du niveau d’un Bf 109, mais il n’est pas mauvais en maniabilité. En revanche il est sujet aux vrilles à plat qui apparaissent à n’importe quelle vitesse, ce qui est problématique pour un intercepteur en phase de combat.
Il a aussi une fâcheuse tendance à embarquer à gauche à l’atterrissage lors de la réduction de gaz, ce qui engendre de nombreux accidents.
Lors de manœuvres acrobatiques ou de piqués engagés, les panneaux des mitrailleuses se détachent en vol et le parebrise se couvre d’huile, réduisant la visibilité vers l’avant.
En vol, les roues tournent dans leurs carénages ce qui engendre de fortes vibrations.
Le constructeur est sur la brèche et tente avec un certain succès de trouver les solutions adaptées à tous ces défauts, sauf en ce qui concerne l’évacuation en vol qui n’est pas facilitée par le dispositif compliqué du système de verrière.
Heureusement, l’avion est de conception solide, pourvu d’un train d’atterrissage large et résistant aux chocs, ce qui réduit tout de même l’attrition.
Autre avantage et non des moindres, il s’avère aisé à fabriquer et à entretenir, ce qui va être un atout pour les finlandais, en conditions hivernales.
Le D-21 aux couleurs nationales :Contre toute attente, les Pays Bas est le quatrième et dernier état à passer commande à Fokker !
En décembre 1937, au vu des résultats des tests du prototype et surtout de ceux obtenus sur les exemplaires finlandais et danois, la commission d’achat semble moins frileuse et signe enfin un contrat d’achat de 36 avions.
Prévu à l’origine pour la protection des Indes Néerlandaises de la montée de l'hégémonie nippone, mais compte tenu de la conjoncture politique préoccupante en Europe, le D-21 reste finalement sur le sol national.
Seul le prototype rejoint Java où il effectue quelques vols mais il n’a pas l’occasion de prendre part au conflit contre l’envahisseur nippon et disparait dans la tourmente.
Les 36 avions commandés à Fokker par le gouvernement Néerlandais sont construits et livrés aux différentes escadrilles (JaVA).
sur les chaînes de fabrication:
Les premiers avions arrivent à Schiphol en septembre 1938 et en fin d’année, 18 sont opérationnels.
En avril 1939 la LVA devient la ML (Militaire Luchtvaart) et dispose de 35 avions.
Le 36 ème et dernier est livré en septembre, juste après le début du second conflit mondial en Europe.
Le 1 Octobre, les couleurs des cocardes changent : un triangle orange bordé de noir fait place aux cocardes quadricolores afin, parait-il,
d’éviter toute confusion avec les cocardes françaises ou britanniques (!?).ici sur Fokker G1 bipoutre
5 jours de conflits, 100 missions, 14 ennemis abattus !Malgré la neutralité sans équivoque affichée des Pays Bas, Hitler envahit le pays sans déclaration de guerre le 10 mai 1939.
Les D-21 qui tentent déjà sans grand succès d’intercepter les avions allemands qui violent régulièrement l’espace aérien néerlandais, font le coup de feu contre les aéronefs de la Luftwaffe jusqu’au 14 mai, date de la fin des hostilités.
...ça ne passe pas très bien!
La capitulation Néerlandaise sans condition, fait suite au bombardement du centre ville de Rotterdam, occasionnant d’importants dégâts et le trépas de 850 civils.
Les menaces proférées de destruction totale de la ville, par Hitler n’y sont pas étrangères.
Ce qui est certain, c’est que sous les couleurs nationales néerlandaises, le petit chasseur de Fokker s’est bien défendu mais il n’a pas fait le poids face aux appareils de la Luftwaffe.
Au final, les 28 Fokker D-21 engagés pendant les 5 jours de conflit ont effectué plus de 100 missions et ont abattu 14 ennemis en combat aérien. Au dernier jour, de la guerre il n’en reste que 8. Les allemands en récupèrent 7 le dernier est détruit.
@+ Serge