« Opération Avalanche », l’invasion de l’Italie« L’Opération Husky » est une réussite et la Sicile tombe le 17 Août 1943.
Du 3 au 16 septembre, c’est
« l’Opération Avalanche », le débarquement des troupes alliées dans le Sud de l’Italie.
Les français y participent avec les canadiens, les britanniques et les américains.
Le 9 septembre, Salerne est tombée et le 16, Calabre et Tarente sont aux mains des alliés
C’est d’autant plus un coup dur que
c’est aussi le jour de la déclaration de la capitulation italienne sans conditions et un sérieux retournement de situation ; les troupes italiennes sont désarmées par les allemands et ne participent pas à la bataille.
Un jeu de dupes ! ( extrait de Wikipédia )
L'Italie cherche à négocier avec les Alliés une reddition tout en faisant croire aux Allemands qu'elle poursuit la guerre.
Les Alliés surpris ne s'attendent pas à une défection de l'Italie, et mettent du temps avant de se décider, puis ils demandent une reddition sans condition à l'Italie.
Côté allemand, la défection de l'Italie est prise en compte et Rommel met au point un plan d'invasion et de désarmement de l'armée italienne, tout en faisant croire aux Italiens que les Allemands ne croient pas leur défection possible.
Seules les factions fascistes co-belligérantes continuent le combat au côté des allemands.
L'armistice de Cassibile provoque la scission de la Regia Aeronautica, dont une partie est restée sous contrôle allemand sous le nom de Aeronautica Nazionale Republicana ou ANR, partie des forces de l'État fasciste.
Les pilotes de l'ANR restent dans l'Axe.« Jamais deux sans trois », mais là….. ça ne passe pas ! Pour la deuxième fois en deux mois Fritz Schröter se retrouve face à l’invasion et cette fois à grande échelle, avec en sus le problème du revirement italien.
Le III/SKG 10 est à présent basé à Montecorvino en Italie et le terrain est situé à quelques kilomètres seulement des plages d'invasion, position nettement inconfortable !
Montecorvino Airfield Salerno, Italy
Situation de la piste par rapport à la mer ( photo actuelle)
Il écrira plus tard : « …notre aérodrome, entre les collines et la mer,
était si proche de la côte qu’il ne faisait aucun doute que nous allions être immédiatement soumis au feu de l’artillerie lourde » (ce qui n’a pas manqué d’arriver !).
Cette fois, je n’ai pas attendu le dernier moment l’autorisation pour prendre la décision d'évacuer mes hommes de ce piège mortel et je l’ai ordonnée le matin même.C’est la débandade, le sauve qui peut dans l’urgence absolue.
Lorsque les bombardements cessent et que les navires US ont fini de décharger leurs obus sur la côte, l’aérodrome de Montecorvino a bien morflé.
Des Bf 110 "trop" en triste état
...des réserves d'essence livrées à l'ennemi
Désolation
Un Caproni Italien sous le feu allié
Les britanniques arrivent
29 Focke Wulf récents du III. SGK/10 ont été détruits
Des Gi's posent sur les restes d'un Fw190 sérieusement endommagé.
Les restes de l'un d'entre eux débarrassés par les "british" sur l'aérodrome de Montecorvino.
Mais les troupes britanniques puis les Gi's qui les rejoignent trouvent aussi de nombreux avions « bons de vol » en parfait état et d’autres en cours d’entretien et dans les installations épargnées, tout le matériel et les équipements annexes et connexes nécessaires au fonctionnement d’une base aérienne.
D'autres posent sur un avion abandonné en cours d’entretien et capturé intact
A la fin des années 80, il était exposé au « Fame of Frame » de Santa Monica en Californie.
Les "Jabos" étaient réarmés, prêts pour de nouvelles missions.
Les bombes qui jonchent le sol devant ces Fw 190 abandonnés, donnent une idée de la rapidité avec laquelle l’évacuation a été menée !
La déchéance : Schröter passe en cours martiale !Son initiative d'évacuation de Montecorvino a sauvé la totalité de l’effectif du III/SKG 10, mais les conséquences vont lui coûter cher !
Il est arrêté et immédiatement emprisonné Il passe très vite en jugement et pendant un moment (avouera-t-il plus tard), il craint pour sa vie.
Pour avoir ordonné l'évacuation du groupe face à l'ennemi, de sa propre initiative et sans ordres, la cour martiale ne le condamne « qu’à (!) 15 années d’emprisonnement » et sa promotion au grade de major est refusée.
Cette condamnation le laisse bien amer, mais il ne baisse pas les bras et engage un combat pour sa réhabilitation.
A l’issu de nombreux témoignages en sa faveur et au final à la clémence du Reichmarschall Herman Goering lui-même, il est finalement libéré.
Mis sur la touche, il se démène pour sa réintégration dans un groupe opérationnel et demande à reprendre le combat sur le front de l’Est, car il estime que le seul ennemi réel est à présent l’Union Soviétique.
Son cas finit par être examiné et au vu de ses états de service, de ses notations et certainement aussi au cruel manque d’encadrement expérimenté, on donne suite à sa requête mais non sans l’avoir mis à l’épreuve en le contraignant à passer d’abord par une unité d’entrainement.
Hauptmann Schröter ravale sa fierté et sous surveillance, encadre « les bleus » pendant les premiers mois de 1944.
Il est enfin réhabilité dans ses fonctions et muté en Finlande en tant que Kommandeur du I./SG 5a qui vient d’abandonner ses Ju 87 pour se transformer sur Fw 190.
Les derniers Ju 87 partent en mission.
Ils sont remplacés par des Fw 190 Jabos au fur et à mesure de leur livraison.
Le Focke Wulf de Fritz Schröter à Imola; c'est un F-8
Profil droit
Fw 190 A-5/U3 à Petsamo en avril 44
à Imola
Un A-5 U/3
La Finlande chasse les allemands!A la suite des menaces de Staline - qui s’est déjà servi sur la Finlande en annexant une partie de son territoire, lorsqu’il était l’allié de Hitler - et consciente qu’elle ne pourra pas compter sur les britanniques ni sur les américains pour garder sa souveraineté si elle continue à accepter la présence des allemands sur son territoire, la petite Finlande dénonce son accord de partenariat avec l’Allemagne et la chasse du pays.
Un Bf 109G vendu par l’Allemagne, qui va à présent se retourner contre la Luftwaffe !
En conséquence, à l’été 1944 le I./SG 5a quitte « le pays des 1000 lacs » pour la Lettonie.
En août et septembre, il va se retrouver au centre des violents combats qui vont à nouveau impacter les états baltes.
Après la Lettonie, c’est la Lituanie puis l’Estonie et qui tombent les uns après les autres aux mains des soldats soviétiques.
A la fin du mois de septembre, le I./SG 5 est transféré en Allemagne pour un repos bien mérité.
Fritz Schröter ne veut pas se reposer, mais continuer à se battre. Il fait intervenir un ami haut placé pour obtenir une affectation sur le Front de l’Est et il l’obtient.
Il prend le commandement du I./SG10 qui opérait depuis fin 43 sur le front Est.
Cette unité ne lui est pas inconnue puisqu’elle était proche du III./SKG 10 lors des combats en Afrique du Nord.
Elle est basée à Sárospatak, dans le nord-est de la en Hongrie. Il retrouve là des « pointures, les expertens », qui ont survécu et avec lesquels il a des souvenirs de combat en Tunisie et en Sicile lorsqu’ils étaient sous ses ordres.
Jusqu’en Décembre 1944, lors de la bataille de Budapest, Schröter effectue d’incessantes missions avec sa nouvelle unité.
Un F-8 avec une SC 250 Kg prêt pour une mission
Un armurier prépare une bombe de 500 kg.
On remarque encore une bande rectangulaire appliquée sur la partie arrière où sont les ailettes.
A priori il y en avait une de chaque côté et elles étaient peintes en jaune.
L’équipe est soudée, mais dans les durs combats qui vont suivre, les pertes vont être catastrophiques et le moral s’en ressent.
Le 27 octobre 1944, Schröter déclare avoir abattu un Yak-9 au Nord Est de la Hongrie.
En fait, d’après les recherches de l'historien hongrois de l'aviation Gábor Horváth, il s’agissait du Yak-3 n° 3912 construit par Saratov et piloté par le Gv. Lt. Nikolai Matveevich Knut, qui bien que blessé, a survécu.
Le chant du cygne !Le jour de l’an 1945, la Luftwaffe est amenée, selon le Reich Marshall Hermann Goering, à « frapper un grand coup » !
C’est l’opération
« Bodenplatte » qui devait, d’après les « grands stratèges du haut commandement allemand et son Führer », anéantir l’aviation alliée sur ses propres aérodromes.
En fait ce sera un ratage monumental qui signera le champ du cygne de la Luftwaffe car elle ne s’en remettra pas !
Le Kommodore du SGK 4 disparait dans l’aventure et laisse son poste libre.
Celui-ci est attribué au major Werner Dörnbrack, qui commandait le I/SKG 10.
Vieux camarade de Fritz Schröter, il coopte ce dernier qui reprend ses fonctions au sein de son ancien groupe renommé I/SGK4 et qui va finir la guerre en combattant l’armée soviétique jusqu’au bout, en Tchéquie, en Hongrie et en Pologne.
This is the end ! C’est la fin.L'inexorable étau des forces alliées se referme.
L'Armée Rouge est déjà sur la Prusse Orientale.
Dans un hangar pris par les soviétiques à Prenzlau, au milieu des Fw 190, un P-51 capturé.
Wels en Autriche rassemble un aéropage hétéroclite de tout ce qui vole et atteste du désarroi dans lequel est plongée la Luftwaffe quand l’étau se referme sur ses cendres !
Depuis quelques mois, les pilotes de la Luftwaffe ont compris que tout était réellement fini mais ils sont soldats et continuent à exécuter les ordres et à combattre pour l’honneur (surtout les troupes soviétiques).
L’organisation nazie implose, Goering et les principaux dirigeants du régime nazi sont en disgrâce et craignent pour leur vie car Hitler n’a plus confiance que dans la SS et lui donne carte blanche pour « faire le ménage ».
Elle poursuit de plus belle ses exactions et abat sommairement les déserteurs d’un régime qui n’existe plus.
La Luftwaffe aussi est placée sous ses ordres.
Le 30 avril 1945, Hitler met fin à ces jours.
Le rêve d’un fou qui voulait tordre le monde à sa botte sur le fondement de la race aryenne qui devait durer 1000 ans, n’aura duré qu’un fétu de paille.
Quelques années qui ne sont rien à l’échelle humaine, mais qui vont compter à jamais dans le monde entier mis à feu et à sang!
Reddition en masse.Dès mi-avril, certains pilotes rejoignent les aérodromes alliés.
Afin de ne pas tomber entre les mains de l’armée rouge et subir le sort peu enviable qu'elle leur réserve (on comprend !), en compagnie d’autres pilotes du groupe et de leurs avions, il se rend aux forces américaines le 9 Mai 45.
Ils n’ont plus rien à perdre, (sauf peut-être la vie) et prennent le risque d’être abattus par les alliés qui possèdent la maîtrise du ciel, mais ils se rendent en vol sur les terrains tenus par les anglais et les américains pour échapper aux soviétiques
Un rare F-9 à verrière bombée, avec une longue traînée sombre des sorties d'échappement.
Un Scharm au grand complet se rend sur Neubiberg, tenu par les américains.
Un A-8 en bon état relatif
Le 19 avril, le F-8 de Gerhard Kürchner de la 4/SG3 posé indemne à Rhein/Main à présent aux mains de l’Oncle Sam.
En compagnie d’autres pilotes il a d’abord effectué 3 attaques consécutives sur les têtes de pont soviétique à l’Ouest de l’Oder.
Certains pilotes se rendent mais refusent de livrer leurs avions intacts et provoquent volontairement leurs crashes ce qui n’est pas anodin pour la santé !
Ici, c’est le Hauptmann Karl Kennel Kommodore du II.SG/2 qui a attendu le jour de la reddition officielle pour « offrir cette épave » aux américains sur la base de Kitzingen.
Un autre crash volontaire sans conséquence pour le pilote
Hélas pour eux, en respect des accords passés avec Staline,
qui exige que les soldats allemands prisonniers qui ont combattu sur le front de l’Est lui soient remis, les américains les livreront sans état d'âme.
Fritz Schröter sera alors interné durant 3 longues et difficiles années où beaucoup de ses compatriotes décèderont de faim et des mauvais traitements infligés par l’armée rouge.
Libéré en Juillet 1948, il rentre dans une Allemagne exsangue en reconstruction et reprend du service en collaborant à la renaissance de la nouvelle armée de l'air, la Bundesluftwaffe.
Il reste très discret sur la période de la 2 GM et prend sa retraite avec le grade d’Oberstleutnant le 30 Septembre 1974. Il quitte ce monde le 14 Décembre 2007.
Bilan :Pendant « son temps de service à la Mère Patrie », il a assuré plus de 400 missions de guerre et uniquement à bord de chasseurs bombardiers.
Il a revendiqué 12 victoires aériennes dont 7 lui seront homologuées et de nombreuses autres probables.
Il a détruit plusieurs milliers de tonnes de navires de toutes sortes ainsi que des engins blindés.
Son parcours
Dans le cadre des tentatives de déstabilisation du Royaume Uni et des représailles décidées par la politique du parti nazi, il a hélas aussi participé activement à « l’assassinat gratuit » de civils britanniques et à la destruction de leurs biens.
Comme tous les pilotes de la Luftwaffe, il s’est battu sans discontinuer sur tous les fronts où l’Allemagne avait mis le feu et il a survécu.
Afin de sauver son groupe, il a refusé d’exécuter des ordres jugés inacceptables et a pris des décisions personnelles, en opposition avec le statut de soldat qui se doit en toutes circonstances de se plier à sa hiérarchie et exécuter les décisions , « quoi qu’il en coûte » !
Ceci se passait il y a 75 ans, mais à ce jour dans toutes les armées, les mêmes causes produisent les mêmes effets ;
et la guerre est toujours là!
Serge