Le Twin Bee ou l'histoire invraisemblable du "racer raté"

Hello,


C'est l'histoire d'un monumental ratage résultant d'impréparation technique et de mauvaise prise de décision d'un projet inadapté de racer des années 30.  

Tout d'abord il vous faut savoir que ce projet était jadis destiné à un magazine spécialisé, mais qu'il n'était pas question d'y joindre une maquette, seulement des dessins.

En outre, sa parution devait impérativement coïncider avec un mois de l'année bien particulier (AVRIL) ce qui n'a jamais été acté, en conséquence de quoi il est resté dans les cartons.

Je l'avais presque oublié, persuadé qu'il ne serait jamais diffusé, mais l'idée de le ressortir a fait son chemin.

Toutefois, il fallait reprendre et achever la maquette que j'avais commencée pour moi-même et qui dormait depuis longtemps dans un carton.

Pour résumer:

Il y a du texte et ce n'est pourtant qu'un condensé de cette improbable aventure, mais ceux qui ne se contenteront pas de regarder les photos seront certainement surpris par ce qu'il contient.

Il y a les plans que j'avais dessinés d'après les cotes et les schémas consultés à titre exceptionnel

Il y a le montage extrapolé d'après les schémas, les copies des "bleus" (qui n'en sont pas) et les comptes rendus confidentiels, mais avec de nombreuses zones d'ombre et un cruel manque de clichés d'époque.

Enfin, il y a la décoration inspirée par quelques explications griffonnées sur les documents sauvés et librement adaptée avec une marge d'erreur faute de photos.


Serge

salut Serge

quel teaser

A+ pour le montage


Laurent

J'attends de voir ça

Pareil pour moi..

salut idem

Je vous propose cette étude en 3 volets:

1 - historique des productions des frères Grandville, les fameux Gee Bee
2 - montage de la maquette du Twin Bee
3 - histoire de l'échec de l'avion

VOLET 1

Le Twin Bee, comme son nom l’indique, est issu de l’accouplement de deux Gee Bee.
Ce montage extravagant résulte d’une idée fixe et de l’opiniâtreté de Zantford Granville qui avait décidé de développer le concept d’un Gee Bee bimoteur, certainement basé sur l’unique modèle R1/R2 obtenu par assemblage hétéroclite de deux avions crashés.

Zantford Grandville et le Gee Bee R1




Les Gee Bee :

Avant de parler du Twin Bee, il faut peut-être évoquer les Gee Bee ?

Le tout début de l’histoire se situe en plein crack boursier qui met en faillite de nombreuses entreprises et au chômage des milliers de travailleurs.
On est en 1929 à Springfield, Massachusetts, où une fratrie de 5 hommes, Zantford, Thomas, Robert, Mark et Edward - les frères Grandville – gèrent un petit atelier de fabrication aéronautique, le Granville Brothers Aircraft Springfield Inc. qu’ils vont développer au fur et à mesure de la commercialisation de leur petite production.


Logo d'époque:



L'atelier en 1929/30



Sur une période de 9 ans, la production totale ne concerne au total que 24 avions construits et commercialisés jusqu’au dépôt de bilan en 1939.

Model A de 1929 est leur première création ;  c’est un biplan.



Plans d'origine



Réplique échelle 1



Les autres seront tous nommés Sportsers, suivis d’une lettre d’identification individuelle.

Toutefois, si l’on résonne en terme d’accidentologie, alors les résultats sont affligeants !
Jugez plutôt :

Modèle X de 1930 crashé au Cirrus Derby en Septembre 1931, le pilote Roscoe Brinton gravement blessé.

Modèle C de 1930, détruit en meeting le 25 octobre 1931 dans le New Jersey, pilote Harry Hall décédé dans l’accident

Modèle D de 1931, crashé en 1936, pilote Channing Seabury, tué






Modèle E de 1931 : 4 avions construits, tous détruits par accidents :
- Février 1931, pilote Johny Kytle décédé dans le crash en show aérien à Atlanta
- Août 1932, crash au décollage, pilote Russel Boardman blessé
- Février 1934, accident en Caroline du Sud, pilote décédé des suites de ses blessures
- 1933, accident mortel en meeting aérien (l’aile de l’avion est conservée au Musée Air Aventure EAA).



Modèle Q un prototype prévu pour les configurations de tests et qui ne fera pas grande carrière en s’écrasant le 24 décembre 1931 et en blessant Mark Grandville.






Modèle Y deux construits et deux détruits sur accident.
- Le premier perd son hélice et s’écrase, mais le pilote est retiré sain et sauf des débris de son avion.
- Le second se répand lors des National Air Races de 1933, le pilote Florence Klingensmith est tué net.





Réplique échelle 1



Model L, en vérité un modèle Y (parfois noté Y/L) en version biplace






Réplique échelle 1



Naissance d’une légende…mortelle !

Mais ce sont les trois dernières productions de la firme qui vont à la fois consacrer les Gee Bee (abréviation pour Grandville Brothers) comme des racers d’exception (et plus particulièrement le R1), tout en leur faisant une réputation controversée.
Les finances ne sont pas bonnes et pour renflouer l’entreprise qui en a bien besoin, Bob Hall l’ingénieur et pilote attitré de la boîte, va parvenir à décider les Frères Grandville à construire un racer atypique et « gagnant ».

Bob Hall souriant devant un Sporster qu'il vient d'essayer




Bob, heureux designer du modèle Z qu'il essaiera aussi



En effet, depuis peu, les courses aux pylônes, les records de vitesse et d’endurance sont à la mode et se développent à travers le pays; ils attirent un gigantesque public friand de sensations fortes et sont dotés de prix vraiment très motivants.

Modèle Z « City of Springfield »

Il n’est construit qu’à un seul exemplaire.




Il est motorisé avec un Pratt & Withney « Wasp Junior » R-985 suralimenté de 535 cv est atteint 472 km/h en circuit fermé.



Photo colorisée de Lowell Bayles pensif, assis sur le carénage de roue du modèle Z



A ses commandes, il empoche les 7.500 dollars du Thompson Trophy de 1931.
Malheureusement il n’aura pas le temps de les dépenser car il va trouver la mort à Détroit le 5 décembre, lorsque l’aile droite s’arrache en pleine ligne droite !

( le lien ici : https://www.youtube.com/watch?v=1KTyYVnSyq4 )

Lowell Bayles quelques instants avant sa mort tragique



Réplique échelle 1




Modèle R1 (R pour Racer) prévu pour les courses au pylône



puis le modèle R2, prévu à l'origine pour les records de distance, mais qui va participer aux courses au pylône.




 
Ces aéronefs improbables et complètement atypiques défient à chaque vol les lois de la physique et de l’aérodynamique en tenant l’air accrochés à leurs puissants moteurs dans des conditions exceptionnelles, le temps d’une course et parfois bien moins.

Au final, on constate tout de même avec étonnement qu’ils accumulent de nombreux succès. Sur 2400 courses organisées, 1802 sont remportées par les Gee Bee, mais c'est surtout au modèle R1 que revient la "part du lion".

…. mais à quel prix !

Gee Bee R1 Supersporster, est le racer au « design très particulier de tonneau volant » fruit de trois journées de tests en soufflerie à l’institut de mécanique des fluides de l’Université de New York en présence d’illustres ingénieurs.

Créé en 1931, il a été pensé spécifiquement pour les courses au pylône (et il va en gagner beaucoup), dont les deux premières, le Thompson Trophy, puis le Speed Shell en 1932 avec Jimmy Doolitle aux commandes.

Le R1 aux commandes duquel Doolitle vient de remporter le trophée de la Thompson.
Remarquer les tribunes, invariablement pleines lors de ces courses où les accidents sont courants.







L'avion est doté du moteur  Pratt  Whitney R-1340 refroidi par air, de 9 cylindres en étoile développant 800 ch et lui permet une vitesse de 474 km/h à 1000 pieds.



Passage du R1 à grande vitesse devant le mythique pylône de la Bendix Air Race



Au cours de sa courte carrière, l’avion bénéficiera d’améliorations de structure, notamment sur la forme et la surface du gouvernail.

Très belle photo du Gee Bee R1 doté du gouvernail modifié



….ce qui n’empêchera pas une succession d’accidents dont certains mortels.
Très vite, la réputation de tombeau volant (fortement relayée par les médias) va lui « coller aux basques », car il n’épargne pas les pilotes.
Jimmy Haizlip et Roy Minor s’écrasent successivement, s’en sortent mal en point mais vivants, alors que Russel Boardman, rescapé de son crash précédent un an plus tôt à bord du modèle E, trouve la mort en juillet 1933 aux commandes du R1 en version originale, dite " bob tail".

En observant le gouvernail (quasi inexistant), on n'imagine mal comment il pouvait serrer les virages comme le nécessitaient les courses aux pylônes!



"Russ" un pilote talentueux qui n'aura pas l'occasion de s'exprimer bien longtemps.



Gee Bee R2 Supersporster, n’est construit qu’à un seul exemplaire. Il arbore le chiffre 7. Initialement prévu pour les courses de distance, le choix du moteur se reporte sur le Pratt  Whitney R-985 « Wasp Junior » de 550cv, ce qui parait suffisant.

Il sera remplacé par un plus puissant lorsque l'avion prendra place dans les courses aux pylônes.



Après un premier crash, l’aile et la motorisation seront modifiées ainsi que la forme et la surface du gouvernail.



Réplique du R2 échelle 1



Fin 1933 il sera détruit dans l’accident qui coûtera la vie à son pilote.
Les restes récupérés serviront à créer le dernier racer monomoteur de la marque, le R1/R2.

Gee Bee R1/R2 seul et unique en son genre: il est assemblé en 1934 à l’aide des restes des deux avions précédemment crashés. Le fuselage est rallongé derrière le poste de pilotage et l’avion est surnommé « Racer Long Tail ».

On remarque l'allongement du fuselage, visible à l'arrière du cockpit avec l'adoption d'une verrière coulissante







Roy Minor l’achète et se crashe à nouveau à son bord.
Il est alors reconditionné et revendu à Cecil Allen qui modifie son centrage; mauvaise idée car il se tue à son bord en 1935.

A priori, c’est le profil de cet hybride qui va prévaloir au dessin du fuselage du projet fou Twin Bee.




Gee Bee R6H - QDE c'est le dernier modèle monomoteur construit et achevé.

C'est un biplace en tandem destiné aux records de distance dans lesquelles il ne va pas exceller!
Il dispose d'une cellule allongée, d'ailes améliorées pourvues de volets, mais il est plus imposant et plus que  lourd que le R2.




Aux commandes de pilotes différents, il participe à quelques courses prestigieuses telles que la Bendix Race en 1934, piloté par Lee Gehlbach, la même Bendix Race de 1935 avec Royal Leonard

Le Bendix Trophy



ou aux mains de Lee Miles durant le Tompson Trophy de 1936.

Le Tompson Trophy




La seule course remportée avec le R6H/QDE l'a été par le duo Jacqueline Cochran et Wesley Smith lors de la "Marc Roberston Air Race"de 1934.



La même année ils doivent abandonner la course prévue en Grande Bretagne, sur ennuis de moteur



Vue du moteur et du dispositif de fixation des capots




Les profils suivants sont publiés avec l'aimable autorisation de Bertrand Brown alias Gaëtan Marie’s Aviation Profiles (http://www.gaetanmarie.com/fr/la-carriere-du-gee-bee-qed-en-couleurs/)



George Amistead était aux commandes lors de la Bendix Race de 1938.





Le 24 mai 1939, le Capitaine Francisco Sabaria établit un nouveau record entre Mexico et New York.





On remarque les volets ajoutés sur cette version


Francisco Sabaria ne savourera pas longtemps son succès: il trouve la mort lors du voyage retour, lorsque l'avion en panne moteur s'écrase dans le Potomac le 7 juin.

Réplique échelle 1

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Ici finit la présentation des avions de la Société des frères Grandville.

Voyons rapidement la version de la maquette la plus répandue, le modèle R1

Au 1/32, deux marques ont produit l’avion dans les années 70.
Williams Bros qui vient de ressortir sa collection de racers avec de nouveaux box arts et en a produit 3 au moulage identique pour le modèle R

l'ancienne boîte du R1



et deux plus récentes,



dont vraisemblablement le même moule du R1 mais avec les décorations du R2 (sauf erreur)



l'ancienne boîte du modèle Z "City of Sringfield"




et Lindberg Line qui a commis le R1 sous différents boîtages successifs mais sans en modifier son moulage simpliste.







C'est cette dernière que j'ai choisi pour réaliser mon projet de bimoteur.

La maquette est très basique, plutôt grossière même, les détails inexistants et son montage « from the box » ne doit pas être très affriolant.
C’est vraiment du moulage basique de chez basique : lignes de structure en relief, rivetage partiel type boulons de locomotive lorsqu’il y en a, habitacle réduit à sa plus simple expression, moteur moulé en trompe l’œil sur un disque en faible relief où l'on devine les cylindres, pas de culbuteurs ni autres détails. Les hélices sont inexploitables et je ne m’en servirai pas.

Quelques photos de Gee Bee

Un R2 « normal » monté "comme dans la boîte", vu lors d’une expo



Photo d’un montage lambda du R1 « from the box » de Linberg Line avec un revêtement gris (remarquer les rivets de type locomotive)!



La simplicité de conception et le peu de pièces qui composent cette maquette au moulage basique la destinent aux débutants et ceux qui la monteront "from the box" ne se feront pas une entorse au poignet!

Et voici trois réalisations sélectionnées pour le "côté fun" des maquettistes « qui se sont lâchés sur Gee Bee»

Un R1 version Luftwaffe avec une hélice qudripale!



Et deux autres R1 non moins étonnants, aux couleurs Air Force de 1941 à Pearl Harbor



dont celle-ci avec une belle patine:



Cocasse is’nt ?

Voilà pour la saga des Gee Bee, place à la maquette du Twin Bee

To be continued…..

salut fort intéressant l'histoire de cet avion  ainsi que leur créateur  

superbe sujet très intéressant à (re)découvrir!

VOLET 1 suite

Naissance du Twin Bee: présentation et plans

Springfield, 1936 : la Granville Brothers Aircraft Springfield Inc. est financièrement mal en point.
Zantford Grandville dont l’opiniâtreté n’a d’égale que son caractère entier et têtu, refuse d’accepter que l’entreprise disparaisse. Il réussit à convaincre ses frangins de construire un nouveau modèle, cette fois bimoteur, afin de doubler la puissance et donc la vitesse !

Zantford "Granny" Grandville



L’ingénieur et pilote en chef Bob Hall est très sceptique quant au concept, mais accepte toutefois de participer à ce challenge en vendant ses parts dans l’entreprise.

Pour réussir le pari fou de ce nouveau projet, il s’allie les compétences du célèbre ingénieur en aéronautique marine Hook Fisherman, grand spécialiste de la pêche au sea snakefish.

Présentation d’un drôle de poisson!

Les frères Grandville innovent. Les matériaux de construction sont ceux habituels avec l’apparition d’un alliage encore peu utilisé sur ce type d’avion, le molybdène.
Le treillis de fuselage est en partie constitué de tubes acier renforcés, soudés puis entoilés avec une section rigide en contreplaqué marine situé au centre de l’intrados.
A l’arrière, les plan fixes verticaux, dont la surface a été augmentée par rapport au R2, est en contreplaqué.
Les gouvernails de direction ont une surface de 1.63 m². Ils sont entoilés sur une structure de bois.
Les plans fixe et les gouvernes de profondeur sont de conception audacieuse pour l’époque, avec des profils neutres, non portant et entièrement métalliques.
Un spoiler de liaison assure la portance arrière ; il est mobile à effet flapperon.
Sur l’avant, chaque treillis de fuselage cesse à 1.12 m. en avant de la cloison pare feu où ils font place à quatre grands panneaux de visite.

Toute la structure avant, y compris les énormes capots moteur, sont en alliage d’aluminium.
Les ailes, entièrement métalliques, sont pourvues de deux longerons. Elles accusent une flèche de 4%. Du raccord karman à l’apex, chaque aile a une longueur de 3.26 m pour une surface portante de 4.40 m² auxquels s’ajoute la partie centrale qui raccorde les deux fuselages pour 1.46 m² et dans laquelle se trouve le réservoir d’huile.  
La charge alaire est phénoménale !

A l’instar des Gee Bee R1 et R2, les haubans de solidité seront utilisés et les gouvernes sont entoilés sur structures en bois sauf celles de profondeur qui sont en aluminium.
Les trains d’atterrissage en acier trempé sont fixes et solidaires du longeron principal. Leurs imposants carénages renferment un double amortisseur. Les contrôles sont rendus possibles par des trappes d’accès en aluminium.
L’entre axe des roues du train d’atterrissage principal ne fait pas moins de 5.76 m et celui qui sépare les deux roulettes de queue, également carénées, est de 2.79 m.
La longueur totale est de 7.07 m, l’envergure est portée à 11.64 m, la hauteur au sol est de 3.35 m et de 4.32 m en ligne de vol.
L’habitacle est situé dans le fuselage de droite. On y accède à l’aide d’une échelle.
La verrière bascule du côté gauche et elle doit être impérativement rabattue et verrouillée avant la mise en route des moteurs, sous peine d’arrachement.
Le cockpit est spacieux, mais une fois installé sur le siège, la vue vers l’avant est quasiment nulle et les roulages au sol ne peuvent être entrepris sans assistance !
A gauche, l’endroit où devrait se situer l’habitacle est occulté par un assemblage hétéroclite de contreplaqué et d’aluminium.
L’avion est pourvu de quatre réservoirs de carburant à octane de 100.
En prévision des courses au pylône, deux seulement sont utilisés et pour les courses de distance, on gère les quatre.
Les deux les plus volumineux sont placés en avant du poste de pilotage dans le fuselage de droite et au même niveau dans celui de gauche.
A l’avant de ceux-ci, deux autres réservoirs annulaires sont accolés.
Je n’ai pas connaissance du volume utile en carburant, mais il est établi que les groupes moto propulseurs sont très gourmands !
Originellement, l’avion est équipé de deux hélices bipales à pas fixe en bois avec blindage en bord d’attaque. Rapidement, elles seront remplacées par d’autres d’un modèle innovant, créé par la firme Hamilton. Il s’agit d’hélices à pas variables en duralumin et à moyeu carénés. Les apex des pales sont de section carrée.
Les GMP sont des Pratt & Whitney R- 1360 « Wasp » de 9 cylindres en étoile pourvu d’un compresseur à un étage, permettant d’obtenir 850 ch à 1800 pieds. La vitesse à plein régime est estimée à plus de de 670 km/h !
L’étude de l’adoption de moteurs contrarotatifs a été abordée, mais les contraintes techniques et financières et le peu de temps disponible pour présenter l’avion à l’homologation et l’inscrire dans la prochaine course prestigieuse du Bendix Trophy, n’ont pas permis de la mener à bien.
Les deux moteurs tournent donc dans le même sens et on va voir que leur mise en puissance génère un couple démentiel difficilement métrisable.
Voilà pour la présentation résumée de ce bestiau atypique et bien curieux !

Caractéristiques techniques

Dénomination: Gee Bee “Twin Bee”
Catégorie: Racer monoplace bimoteur
Constructeur : Granville Brothers Aircraft Springfield Inc.
Date: 1 Avril 1937
Envergure: 11,64 m
Longueur:   7,07 m
Hauteur en ligne de vol: 4,32 m
Hauteur au sol : 3,35 m
G.M.P.:  2 x Pratt & Withney « Wasp » de 9 cylindres en étoile pourvu d’un compresseur à un étage, permettant d’obtenir 850 ch à 1800 pieds.
Vitesse max à 1800 pieds : 670 km/h
Vitesse de décrochage : 127 km/h
VNE : 702 km/h


Les données constructeurs et les caractéristiques techniques ont permis de redessiner l'avion et de créer la maquette











Compte tenu de la chirurgie prévue, je choisis de travailler sur la maquette Lindberg Line (on en trouve sans problème et à pas cher !).

VOLET 2

Première opération indispensable, ponçage méthodique de toute la maquette « fois deux ».
Le fuselage est découpé à 3 cm derrière l’habitacle.



Je vais me servir d’une aile gauche et d’une droite pour créer la partie centrale de jonction inter fuselages.





L’arrière de la carlingue va devoir être allongé et les lisses transversales en relief sont réalisées une à une en plastique étiré à chaud, puis mise en place dans le prolongement de celles de la maquette.
Ensuite, elles sont poncées afin d’essayer de rétablir un alignement correct (pas totalement réussi partout).



Sur ce bipoutre, un seul poste de pilotage dans le fuselage de droite



L’habitacle disparait du fuselage gauche sous la carte plastique et le mastic.



Les plans fixes, les gouvernes de direction et de profondeur ainsi que les ailerons sont des éléments retravaillés issus des boites à rabiot.
J’ai conservé les montants et le pare brise,  mais la verrière basculante doit s’adapter aux modifications de forme de la partie postérieure et elle sera formée dans du rhodoïd chauffé.





Le tableau de bord, ainsi que l’habitacle - dont j’ai un peu inventé les détails par la force des choses, sont des conceptions personnelles.





les consoles latérales ici en cours de création



Les jambes ont été rehaussées en partie haute et les pneus de la boîte sont remplacés.
L’écartement de la voie du train d’atterrissage principal est extraordinaire !




à suivre...

sacré boulot et superbe pour cette curiosité

voilà un truc qui sort des sentiers battus! mais avec toi on commence à avoir l'habitude.

ça promet!

original,bravo,

Merci les copains.....avez-vous appris quelque chose sur l'aventure des frères Grandville et leurs Gee Bee?

La suite du montage.

Le petit bouton en sailli derrière la prise d'air est le contacteur des moteurs électriques que j'ai ajoutés.




Les moulages représentant les moteurs du kit sont d’un minimaliste affligeant et nécessitent un peu de travail avec l’ajout des carters centraux, des caches culbuteurs et des culbuteurs, des anneaux de distribution et des fils de bougies …
Les hélices de la boîte sont inexploitables et elles sont remplacées.



Dans mes boites à rabiot, j'ai déniché deux moteurs électriques de 9 volts qui pouvaient s'insérer aisément dans les fuselages.
J'ai fabriqué des logements et des renforts en carte plastique et les ai collé en place à l’aide de pâte à modeler qui durcit au séchage et de colle cyanolite, avec apport de micro ballons (poudre qu’on mélange à la colle cyano afin d’assurer la dureté d’une prise efficace). J'ai confectionné les câbleries et le contacteur pour la batterie occultée dans le fuselage de droite.
L’accès s’effectue par le capot supérieur que j’ai découpé et rendu amovible.



Mise en peinture :

Après un dégraissage à l’essence F, la totalité de l’avion reçoit une couche enamel de noir satiné.



La flèche rouge indique la partie supérieure du carénage de train ajoutée en carte plastique




Les carénages des roulettes de queue sont celles de Ju-87 Stuka au 1/72 (les afficionados les auront certainement reconnues).




Vue de face impressionnante au regard de l'écartement de la voie de train!
Au centre, le réservoir d'huile et son bouchon de vidange.



Le rouge est peu couvrant, surtout sur fond sombre; aussi les zones prévues de cette couleur recevront d'abord un voile blanc et  les pochoirs seront nécessaires:

anneaux de capots...



apex des ailes, des plans fixes horizontaux et des gouvernails



L’intrados et une partie des fuselages seront aluminium mais je vais dissocier la partie entoilée des surfaces du fuselage de celles des autres parties métalliques de l'avion, car les effets de lumières ne doivent pas être identiques.
Ici, pochoirs en intrados pour les différencier



Quelles décos sur cet avion?

D’après les quelques explications retrouvées, à l’origine le Twin Bee était peint en noir et jaune (ou blanc ?).
A l’issue des essais de roulage et avant la tentative du premier vol, outre les surfaces rouges citées ci-dessus, il aurait été repeint en noir en extrados, en diagonale à moitié des fuselages et en "aluminium brûlé" sur les autres parties.
Des flammes décoratives jaunes oranges et rouges soulignaient l’extrados des ailes et les fuselages.
J’ai extrapolé un schéma général qui pourrait s’approcher de celui des plans ci-dessous ; mais en l’absence de documents photographiques, on ne peut rien affirmer.

plans de couleurs possibles du Twin Bee:











J’avais prévu de représenter les flammes à l’aide de pochoirs.
J’ai passé beaucoup de temps à dessiner les contours et à les découper à l’aide de l’imprimante Silhouette.

J’avais aussi acheté 3 peintures acryliques « spéciales pochoirs » afin de réaliser à la brosse les fondus jaune, orange et rouge.



Malheureusement, la forme arrondie des fuselages et les lisses en relief n’ont pas permis à l’adhésif de se maintenir et j'ai du tout reprendre à zéro...  

Beaucoup de temps perdu !

J’ai arrêté de me prendre la tête   et  je me suis rabattu sur des décalcomanies maison.

1 - reprise des contours sur Corel Draw et colorisation des flammes



2 - impression jet d’encre sur film décal vierge blanc
3 - vernis de protection brillant à l’aérographe

4 - découpage au plus près des motifs et pose…



5 - pose en place ...et   argh, le jaune n’est pas couvrant sur fond noir  

Grand moment de solitude où j’ai soudainement eu envie de faire les essais de vol de l’avion par la fenêtre  

On se calme et on retourne à la case 1 : impression des contours en noir sur décalque blanc.
Une fois sec, voile de vernis brillant de protection.

Découpage précis



Trempage en eau tiède et sorties de l’eau rapidement (malgré le vernis de protection, l'encre n'aime pas l'eau!).
Les flammes ont tendance à se recroqueviller sur elles-mêmes ! « Ça va pas être fastoche » de mettre en place 6 éléments blancs pour le fond, puis 6 autres en couleur, à superposer avec exactitude.

Allez, 10 mn de Taï Chi, deux Ricards bien tassés et un morceau de blues à la guitare pour me décontracter…..et une après-midi complète pour y parvenir.







Après séchage des motifs blancs, mise en place des flammes colorisées

L'aide d'assouplissant ne sera pas à négliger (ici du micro sol, produit qui date mais qui va toujours très bien)







et une vue générale de l'avion dans l'état où il se trouve actuellement.



Je vais reprendre délicatement les contours des flammes où le blanc apparaît un peu.

La suite, ce sera la fin de l'aménagement de l'habitacle (encore accessible aisément), la création de la verrière, la fabrication et pose des haubans et des pots d'échappements, les finitions des hélices.

Enfin, avec l'échelle d'accès et le pilote peint et patiné, je devrais m'approcher de la fin de cette maquette et éditer le
Volet 3, "l'histoire abracadabrante" de l'éphémère apparition du Twin Bee!

Serge

Salut Serge

Strato51 a écrit:

Merci les copains.....avez-vous appris quelque chose sur l'aventure des frères Grandville et leurs Gee Bee?


Serge

après l'aéronautique ils sont partis dans le milieu du showbiz pour être les Bee Gees

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Re,

sinon trêve de plaisanteries

Peut être qu'en faisant les flammings avant la peinture de l'appareil aurait été plus 'facile'

Je te tire mon chapeau pour cette réalisation


Laurent

Oui Laurent, il y avait certainement d'autres possibilités pour y parvenir.
Sur les ailes, pas trop de problème, mais l'adhésif sur la structure compliquée du fuselage, c'est autre chose!

Hello,

Voila un montage captivant et rudement bien réalisé

Bonne suite

très chouette montage Serge et merci pour le partage historique

VOLET 2 suite et fin

J'ai retrouvé la notice de montage du Gee Bee de Lindberg Line. Pas de quoi se prendre le choux, on pourrait s'en passer.





Les grilles des prises d'air de refroidissement des radiateurs moulés en résine, sont confectionnées en collant des pièces adaptées en carte plastique sur une grille souple.








Pour les parties vitrées, la pièce du kit ne convient plus.
Je vais prélever le pare brise et remplacer la partie mobile par une pièce façonnée dans du rhodoïd.







Elle sera présentée ouverte, avec une attache de maintien (comme le Bf 109)



Pour les haubans, j'ai trouvé du fil caoutchouté plat qui imite à la perfection ceux des Gee Bee. Il m'a suffit de le teinter en gris métallisé sombre.








Les bouchons des réservoirs de carburant sont matérialisés avec les décalques rouges. L'assouplissant les a bien plaqué.



Trois vues avec le moteur gauche en fonctionnement







L’avion avait obtenu un laissez-passer provisoire référencé sous le n° NR2R2 au registre aéronautique.
Il était présent (en noir ou en rouge ?) sous l’aile droite.






Voilà la maquette au 1/32 de ce qu’aurait pu être le Twin Bee des frères Grandville lors des essais réalisés en avril 1937.













Prochain envoi, le VOLET 3.....du texte à lire!

:dddd: un montage modèle pour ce sujet!

Bonjour,

Alors là je reste sans voix ...



Superbe.

Super montage, le résultat est là..

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