La Hongrie sauve la mise?Contre toute attente, la Hongrie semble satisfaite des derniers modèles et décide d’acquérir la licence de production de l’avion et de son moteur, en y pratiquant quelques modifications.
Elle récupère au passage un certain nombre des avions bloqués sur les chaînes de production allemande et installe son usine dans la « Dunai Repülőgépgyár Rt » (l’usine d'aviation du Danube), près de Budapest où les cellules vont être mises au standard hongrois.
Les nouveaux avions munis des moteurs DB 605 B sont désignés Me 210 Ca1.
Eclaté du Me 210 version Hongroise
Il est convenu que la Luftwaffe recevra la moitié de la production, le reste restant à la Hongrie.
La Luftwaffe commence à recevoir les appareils de construction hongroise en avril 1942
L'un des tout premiers...
L’armée de l’air Hongroise touche les siens à la fin de l’année.
Le premier exemplaire opérationnel en activité dans la neige, le 28 décembre 1942.Les ingénieurs Magyars sont parvenus à diminuer les défauts d’aérodynamisme et ils sont satisfaits et fiers de leur production.
(Certains historiens pensent que leurs travaux sur le Me 210 ne sont pas étrangers au développement du successeur le Me 410 dont ils participeront aussi activement à l'assemblage).
Mais, les chaînes de production subissent des dommages irréversibles lors de deux bombardements successifs de la 15è Air Force qui détruisent une centaine de cellules, les machines-outils et causent le trépas de 189 ouvriers.
Une petite production, délocalisée au centre de Budapest, sera quand même menée à bien jusqu’en septembre 1944.
Au total, bien que les sources diffèrent, il semble que 270 exemplaires du Me 210 Ca1 aient été produits par la Hongrie, mais que 54 seulement livrés « bons de guerre » à la Luftwaffe qui les utilise principalement en Sicile, en Sardaigne et en Tunisie.
Ne sachant vraisemblablement plus quoi faire des autres avions au contrat, l'Allemagne les abandonne aux hongrois.
(source Aérojournal n°62).
J. Ehrengardt (dans Aérojournal toujours) indique que la Magyar Kiralyi Honvéd Légierö (MKHL ou Force Aérienne Royale Hongroise) à immatriculé ses avions de Z0-01 à Z0-60.
Mais cette photo du Z0-98 tout juste rentré de mission atteste qu'il n'en est rien.
En outre, un rapide calcul sur les productions et livraisons amène naturellement un questionnement:
Si 270 exemplaires ont été construits par les hongrois et que seulement 54 ont été livrés à la Luftwaffe, il en reste 216!
Pour ma part, je pense que les livraisons à la Luftwaffe sont bien supérieures aux 54 avions dont parle Aérojournal.
Squadron Signal "In Action" n° 147 quant à lui, indique un total de 110 Messerschmitt 210 Ca1 livrés aux allemands, ce qui semble beaucoup plus réaliste.
Il resterait donc 160 avions "à placer" mais, dans les archives hongroises récupérées après guerre, ne sont répertoriées qu'une centaine d'immatriculations. Où sont donc passés les 60 autres dont on ne connait pas la destination finale???
En escadrillesLes Me 210 Ca1 hongrois sont à l'origine répartis dans trois escadrilles de bombardement:la 102/1 avec comme emblème l'aigle à la bombe
la 102/2 "Gyorsbombazo Szazad Tigris" (ouf), l'escadrille des Tigres basée à Hajduboszörmény (re-ouf!)
3 exemplaires des Tigres en volL'emblème n'est pas très visible sur cette photo; au-dessous, un membre d'équipage montre l'impact d'un projectile ennemi.
Une escadrille de chasse lourde dont voici l'emblème,et dont les avions seront affublés de divers armements offensifs, dont certains avec 4 canons de 20 mm et deux mitrailleuses de 13 mm dans le nez (comme développé plus haut) et qui vont bien morfler face aux escortes de l'US Air Force, mais aussi sous les attaques des chasseurs soviétiques.
Une escadrille "spéciale" de chasse de nuit, la 5/1 Ejzakai Vadasz Szazad (faut aimer les consonnes!), dont les 12 avions ont été prélevés dans "le stock" de bombardiers et modifiés avec un armement offensif renforcé.
le Z0-42 "un peu crashé" après incartade avec la chasse adverse. Il sera réparé.
Si les résultats obtenus par les bombardiers ne sont pas négligeables, loin s'en faut, ceux escomptés par la" chasse lourde" et la chasse de nuit s'écarteront des espérances.
Le 13 avril neuf chasseurs de nuit de la 5/1 interceptent les B-24 de la 15th Air Force.
Ils sont pris à parti par les P-38 de l'escorte et quatre Me 210 n'en reviendront pas.
Trois autres vont bien déguster, dont le Zo-66 (que j'ai choisi pour illustrer ma réplique), qui finit sur le ventre mais sera rapidement réparé et reprendra du service.
Les pilotes du 5/1 revendiqueront tout de même deux P-38 et un B-24
D'autres combats permettront d'autres victoires sur les Liberator et les Lightning, mais le laisseront pas les effectifs indemnes.
Quelques photos des avions hongrois engagés contre les américains et les russes.Au finalLa fin approche mais les hongrois se battent très honorablement et leur fougue au combat est remarquable.
Ils parviennent à contenir les troupes de Staline et à leur infliger de sérieux dégâts, notamment sur les bombardements précis des ponts du Danube, des troupes au sol et des tanks.
Les dernières missions de combat permettront aux escadrilles de bombardement quelques exploits ressortissants sur les bases russes, notamment le quasi anéantissement des avions américains en train de se ravitailler sur le sol soviétique.
Mais, ils ne pourront rien changer. Le rouleau compresseur des alliés a écrasé les usines de construction, enflamme les raffineries de carburant, détruisent les infrastructures et les pistes des aérodromes et "en passant" les villes stratégiques hongroises, sous les tapis de bombe.
Cette photo bucolique du Z0-99 est l'une des dernières.
Les paisibles ruminants et tout ce qu'il y a autour, vont disparaître sous les attaques des B-24 de la 15 è Air Force.
Le chant du cygne a retenti pour l'Allemagne et ses alliés.
Les derniers mouvements des Me 210 sont ceux de la fuite vers Parndorf en Autriche où la Luftwaffe et l'armée de l'air hongroise sabotent tous leurs Me 210 afin qu'ils ne tombent pas entre les mains soviétiques.
De tous les prisonniers de guerre des escadrilles hongroises capturés par les soviétiques ou que les américains ont livré à Staline après leur reddition, bien peu reviendront des camps d'internement russes.
Merci à vous pour le temps consacré à cette lecture.
La suite sera la fin du montage de ce 210.
Serge