Manfred von Richthofen naît à Kleinburg, près de Breslau, en Silésie, dans une famille aristocratique prussienne. Il est le deuxième des quatre enfants de l'officier de cavalerie Albrecht Freiherr von Richthofen (1859 – 1920) et de la baronne Kunigunde von Schickfus (1868 – 1962), descendante d'une grande famille de la branche des Falkenhausen3. Il a deux frères Lothar (1894 – 1922) également pilote de chasse, Karl-Bolko (1903 – 1971) et une sœur Élisabeth (1890 – 1963).
À l’âge de neuf ans, Manfred s'installe avec sa famille à proximité de Schweidnitz (Świdnica)4. Une fois ses études terminées à l’école de Schweidnitz, Manfred commence une formation militaire alors qu'il n’est âgé que de 11 ans. Après avoir achevé sa formation de cadet en 1911, il rejoint une unité de uhlans de cavalerie, le 1er régiment uhlan « Empereur Alexandre III de Russie ».
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Richthofen, qui a 22 ans, sert comme officier de cavalerie, participant à des reconnaissances sur le front de l'Est et sur le front de l'Ouest. Les missions traditionnelles de la cavalerie (reconnaissance, percée et exploitation, freinage…) étant devenues difficiles en raison des tranchées et des barbelés, les uhlans sont utilisés dans l'infanterie.
Déçu de ne pas participer plus souvent à des opérations de combat, Richthofen demande sa mutation dans la Luftstreitkräfte, la nouvelle force aérienne de combat, un corps précurseur de la Luftwaffe. Sa demande est acceptée et il rejoint cette unité à la fin de mai 1915. Le 1er octobre 1915, alors âgé de 23 ans, le lieutenant Manfred von Richthofen, se rendant par train spécial à Metz, rencontre l'as de l'époque Oswald Boelcke dans le wagon-restaurant. Les récits de combats aériens impressionnent tant Richthofen qu'il décide de devenir lui aussi pilote d'avion de chasse.
Formé par Oswald Boelcke, Manfred von Richthofen apprend rapidement à piloter et s’entraîne à la chasse aérienne. À la mort de Boelcke, il lui succède à la tête de l'escadre de chasse Jagdgeschwader I surnommée le Fliegender Zirkus — cirque aérien ou cirque volant. Bien que la propagande allemande en ait fait un maître qui excelle dans la tactique et le combat aérien dès le début de sa carrière, Manfred von Richthofen a cassé un certain nombre d'avions et passe pour un maladroit avant d'entamer une carrière fulgurante. Jusqu'à la fin de 1916, il pilote un Albatros D.II à bord duquel, par exemple, le 23 novembre 1916, il tue l'as britannique Lanoe Hawker. Dès qu'un avion est abattu, il se pose rapidement et saute dans une voiture pour aller voir l'appareil. Tel un chasseur, il découpe avec son couteau un morceau de l'empennage en toile, de préférence avec le numéro d'immatriculation de l'appareil, et l'envoie à sa mère qui accroche ces trophées sur les murs de sa chambre. Pour chacune de ses victoires, il commande chez l'un des meilleurs orfèvres de Berlin un petit gobelet en argent sur lequel il fait graver la date et le type de l'appareil abattu.
En janvier 1917, il abandonne l'Albatros D.II pour le D.III, le modèle suivant dans la série des biplans de chasse Albatros. Son premier vol avec cet avion auquel il a donné la couleur rouge a lieu dans le ciel de Flandre, le 23 janvier 1917. En faisant peindre son avion en rouge vif, il ne cherche pas à se distinguer, mais agit par stratégie : le principe étant de laisser un avion très visible voler en solo à basse altitude pendant que le reste de l'escadrille restait caché dans la couverture nuageuse, avant de fondre sur l'ennemi qui aurait accroché l'avion paraissant solitaire. À la fin de ce même mois, pour son 16e succès, il reçoit la médaille de l'ordre Pour le Mérite, la plus haute distinction dans l'armée allemande à l'époque. Au printemps 1917, le général en chef Erich Ludendorff lui accorde une permission pour qu'il écrive son autobiographie. Ouvrage de propagande destiné à en faire un héros populaire présenté comme le « chevalier du ciel », il est en fait écrit en grande partie avec l'aide du journaliste Erich von Salzmann. Durant le seul mois d'avril 1917, il abat 20 avions britanniques, portant le total de ses victoires à 52 appareils ennemis. À la fin du mois de juin, il change à nouveau d'avion pour piloter un Albatros D.V. Le 6 juillet de la même année, il est sévèrement touché à la tête. Cette blessure lui laisse des séquelles, son comportement change et il souffre de nausées et de maux de tête.
Ce n'est qu'en octobre 1917, après sa période de convalescence, qu'il change d'appareil pour passer sur le triplan qui le fait entrer dans la légende, le Fokker Dr.I. C'est à ce moment qu'il gagne son surnom de « Baron rouge ».
Les dirigeants allemands craignent que sa mort, en quelque sorte inévitable s'il continue à piloter, ne produise un effet néfaste sur le moral des troupes et de la population allemande. Malgré les pressions, il refuse de se retirer du front alors que d'autres tombent sur le champ de bataille.
Le 21 avril 1918, après avoir décollé du terrain de Cappy avec neuf autres pilotes parmi lesquels son cousin Wolfram von Richthofen dont c'était l'une des premières missions, son escadrille rencontra les Sopwith Camel de l'escadrille 209 de la Royal Air Force. Le jeune lieutenant canadien Wilfrid May vit que Wolfram von Richthofen restait, comme lui, à l'écart de la bataille, et le prit en chasse. Voyant son cousin menacé, Manfred von Richthofen poursuivit à son tour Wilfrid May, dont la mitrailleuse s'était enrayée et qui cherchait à son tour à s'éloigner. C'était généralement la technique habituelle de Richthofen de rechercher les avions en difficulté puis de les prendre en chasse. Cependant il prenait aussi soin, depuis des années, de ne pas aller au-dessus des lignes ennemies, ce qu'il fit pourtant ce jour-là. On suppose qu'il était peut-être plus fatigué que d'habitude, ou bien que la bataille aérienne s'était insensiblement déplacée vers l'ouest, au-dessus des lignes alliées. Voyant le triplan de Manfred von Richthofen en train d'attaquer May, le capitaine Arthur Roy Brown, autre pilote canadien, décida de le poursuivre à son tour, et bientôt les trois avions se trouvèrent à très basse altitude juste à l'ouest de la zone morte entre les deux fronts. Richthofen cessa alors sa poursuite, mais il semble qu'il ait alors mal évalué sa position exacte, car quand il fit demi-tour pour revenir vers la zone allemande, il survola l'une des portions les mieux défendues de la Somme.
Le triplan se posa intact. Richthofen succomba à ses blessures quelques secondes plus tard, non sans avoir soupiré « Kaputt » (« foutu ») en désignant son avion. Tous ces faits sont remis en question et les véritables circonstances demeurent floues. Bien que le tir qui lui fut fatal n'ait jamais été attribué officiellement, Arthur Roy Brown et les tirailleurs australiens situés au sol revendiquèrent cette victoire. D'après les analyses balistiques menées récemment, recoupées avec des courriers et documents de l'époque, le Baron rouge aurait été abattu par une mitrailleuse de batterie antiaérienne située à 550 mètres sur sa droite, 20 secondes avant son atterrissage, car la balle est entrée sur le côté droit pour ressortir sous le mamelon gauche, et était suffisamment ralentie pour ne pas le tuer sur le coup et ne pas ressortir de sa combinaison de vol. L'avion de Brown étant trop proche, et surtout de dos, sa position est incompatible avec le tir fatal. Par élimination d'autres batteries ayant tiré de face, il ne reste vraisemblablement que la vieille mitrailleuse Vickers de Cedric Popkin ou celle de « Snowy » Evans, jeunes soldats australiens qui firent chacun feu sur le triplan de l'Allemand. Dans le cas de Popkin, la dernière tentative, de loin et sur la droite, quand l'avion a ressurgi de derrière une colline, pourrait bien avoir été la bonne.
Le documentaire de 2002, The Death of the Red Baron10, de la série Unsolved history, indique que le Baron rouge n'avait qu'un seul impact dans la poitrine, qu'une seule balle l'avait tué. C'était un tir venant de la droite qui est ressorti par le côté gauche. Il n'a pu provenir d'une mitrailleuse d'avion ou antiaérienne, car leurs balles de type « 303 », très puissantes avec une vitesse supersonique et un centre de gravité qui les rendant instables à l'impact et tournoyantes dans le corps afin de déchirer les organes internes auraient instantanément créé une onde de choc qui l'aurait tué en vol ou l'aurait rendu immédiatement inconscient, l'empêchant de poser son appareil. La balle provenait d'un fusil. En 1935, le sergent Popkin écrivit une lettre avec une carte indiquant les derniers lacets de l'avion à un officier de guerre australien. Il indiqua avoir tiré de face et que l'avion a soudainement chuté. Il a alors cru l'avoir touché, mais son témoignage l'élimine. En procédant par élimination, avec des images de synthèse puis du matériel laser utilisé de nuit sur un avion cible, le documentaire démontre que le tireur ne fut pas un aviateur, le capitaine Brown, ni les autres tireurs au sol qui étaient Popkin et Buie dont on a aussi les photos. Ce fut un quatrième posté près de Buie, un soldat ordinaire dénommé « Snowy » Evans, un Australien qui était bien à la droite du Baron lorsqu'il est passé, dont on n'a aucune photographie et qui est mort en 1925.
L'officier responsable, le major David Blake, suggéra que le baron avait été tué par une batterie antiaérienne au vu des blessures constatées lors de l'autopsie. Avec l'accord des hautes instances militaires, Blake prépara alors des funérailles complètes par respect pour l'as. Manfred von Richthofen fut enterré au cimetière du village de Bertangles près d'Amiens, avec les mêmes honneurs militaires que les pilotes alliés, le 22 avril 1918. Mais en 1919 le cercueil de von Richthofen est transféré au cimetière militaire allemand de Fricourt, toujours dans la Somme. En 1925, la famille Richthofen confie à son jeune frère, Bolko, la mission de rapatrier le cercueil en Allemagne. Après l'autorisation de la France, son cercueil passe le Rhin le 16 novembre 1925 et est accueilli par une foule recueillie à Kehl. Le cercueil est alors conduit à l'Invalidenfriedhof, cimetière militaire de Berlin. À partir de 1945, il se retrouve dans le secteur Est de l'ancienne capitale du Reich et, craignant que la tombe ne soit plus entretenue, le fils de Bolko, Hartman, effectue des démarches auprès des autorités de l'Allemagne de l'Est. Au printemps 1975, l'autorisation est enfin donnée pour le transfert de la sépulture et von Richthofen est enterré à Wiesbaden dans le caveau familial auprès de sa mère et de sa grand-mère, au cimetière du Sud