Le Kawasaki Ki 100, dernier intercepteur de l’armée de l’air nippone engagé dans le cadre du second conflit mondial.
Question : que faire lorsqu’on se retrouve avec un excédent de moteurs en étoile et une pénurie de moteurs en ligne, alors qu’on dispose de nombreuses cellules complètes, initialement prévues pour recevoir ces dernières ?
Réponse : et bien, on s’adapte !
Réussir à mettre en place un moteur en étoile sur un fuselage prévu pour un moteur en ligne n’était pas une sinécure, mais c’est le tour de force qu’a réussi et en un temps record, l’équipe technique de Doi Takeo, ingénieur en chef de Kawasaki, papa du seul chasseur à moteur en ligne de l’aviation japonaise dans le pacifique durant la 2 GM, à savoir le Ki-61 « Hien » (« Tony » dans la nomenclature US).
L’avion était équipé du moteur Kawasaki Ha-40 de 12 cylindres en V refroidi par eau qui développait 1175 ch. C’était la copie sous licence de l’illustre Daimler Benz DB 601 A allemand, hélas sa production fut systématiquement entachée de défauts (mauvaise qualité des alliages d’aluminium et déficiences techniques) suscitant des pannes récurrentes et une grande attrition.
Chaînes de montage de l'usine d'Akashi
Si l'avion était incontestablement une belle réussite, sa production fut systématiquement contrariée à cause des défauts de ce moteur en ligne dus à la mauvaise qualité des alliages d’aluminium et aux déficiences techniques des ouvriers chargés de sa fabrication. Les pannes étaient régulières et l'attrition fut élevée.
Le développement du Hien a été prolifique mais pour faire court et hors prototypes:
version Ki-6I c, la plus connue, celle choisie par Revell- Takara & Hasegawa au 1/32. (1380 exemplaires construits).
version Ki-61 II avec la partie vitrée derrière la verrière qui devient rectangulaire (1274 produits)
version Ki-61 II Kai-a, verrière à "vision totale" (374 produits)
Le Ki-100: le mariage forcé de la carpe et du lapin ?
En janvier 1945, un raid américain détruit définitivement l'usine d'Akashi au Japon où sont fabriqués les moteurs en ligne HA-40. Les Ki-61 en attente se retrouvent alors dépourvus de motorisation.
Cependant un moteur en double étoile, le Mitsubishi Ha-112-II (Kinse 62) de 14 cylindres développant 1500 cv, a été spécialement développé et construit pour équiper les Mitsubishi A6M8 « Zeke » (« Zéro » pour les alliés).
Mais contre toute attente, la Marine Impériale les refuse au profit du Nakajima Sakae! En conséquence, un stock important de plus de 200 exemplaires de ce GMP se retrouve disponible.
C’est donc dans l’urgence, que Doi Takeo est sollicité afin d’équiper les cellules des Hien avec les Ha-112-II en étoile de Mitsubishi. Mais, si monter un moteur en ligne sur une structure prévue pour un moteur en étoile ne pose pas de problèmes majeurs, il en va tout autrement lorsqu’on s’attaque au contraire. Dans l’histoire du développement de l’aviation, il existe des exemples réussis, mais le contexte n’est pas comparable avec le challenge que doit relever Doi Takeo:
Pour mémoire et parmi d’autres : les britanniques avec le Bristol Beaufighter équipé originellement du Rolls Royce Merlin
Puis du Bristol Hercules
le Handley Page Halifax dans ses premières versions opérationnelles (MkI et MkII)
puis à partir du MkIII, équipé du Bristol Hercule Mk XVI
ou le Hawker Tempest Mk V, qui troque son Napier Sabre
pour un Bristol Centaurus XVII et devient Mk II
les allemands avec le Dornier 17E ("crayon") équipé de deux Daimler-Benz DB 600
qui, dans ses versions suivantes se retrouve équipé du Bramo 323P "Fafnir"
les français avec le Fiesler Storch Fi-156 allemand qui, fabriqué sous licence, devient le Morane Saulnier 500 muni de son moteur en ligne Argus
puis MS 502 avec le moteur en étoile américain Salmson
et enfin MS 505 avec le Jacob également américain.
et les soviétiques qui remplacent le Klimov M-105 PA (Hispano Suiza français sous licence) du Lagg 3
Par le Chvestsov Ash-82 FN sur le La5-FN puis le La 7
Dubitatif mais aussi inquiet, Doi Takeo se rend chez Aichi qui a été confronté au problème avec le bombardier en piqué Yokosuka D4Y3 Suisei (« Judy »), afin de voir comment a été appréhendée la transformation.
Judy moteur en ligne Daimler-Benz DB 600 G
et avec le moteur en étoile (deux GMP ont été installés ; le Mitsubishi MK 8P Kinsei 62 et le Nakajima NK 9C Homare).
Il en profite pour récupérer le Focke Wulf 190 A fourni par l’Allemagne alliée et il va largement s’en inspirer pour réaliser cet improbable assemblage
Outre la création du bâti moteur et de l'assemblage du Ha-112-II "Kinse" 62 sous le volumineux capot, une soufflerie est largement utilisée sur une maquette afin d'étudier les écoulements laminaires les plus appropriés.
copies de schémas d'époque des différents écoulements étudiés
Toutes les difficultés vont être vaincues et les problèmes résolus les uns après les autres. Au final, nait le Ki-100 Goshiki-Sen (chasseur type 5) sous deux versions :
verrière classique sur fuselage du Ki-61 II
et version à vision totale sur les cellules des Ki-61 IIa « Kai ».
Avec un gain de poids inattendu de 315 kg, les performances du Ki-100 vont être excellentes et mêmes supérieures à celle de son prédécesseur, excepté en vitesse où la trainée parasite due au volumineux capot ne lui sera pas favorable.
Voilà pour ce premier volet historique qui nous "met sur les rails". La suite sur la controverse: le Ki-100 était-il réellement le meilleur intercepteur Nippon? .....et le montage de la maquette.
@+ Serge
Dernière édition par Strato51 le Jeu 29 Avr 2021 - 18:08, édité 4 fois
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Poseidon690 Général
Messages : 23461 Date d'inscription : 27/12/2013 Age : 60 Localisation : Deep South !!!
Le montage va suivre, rapidement car l'avion est fini, à part une petite reprise de patine et le passage du vernis semi mat sur la totalité de la bête.
Par contre, il y aura moins de photos de montage qu'à mon habitude, car une maladresse m'en prive et c'est ballot. Faudra s'en contenter!
Porte toi bien Serge
FW190Dora Général
Messages : 12893 Date d'inscription : 16/08/2013 Age : 53 Localisation : Ain
Quel travail de documentation Toutes ces comparaisons on les connait (presque toutes) individuellement sans y prêter forcement attention mais avec ce " défilé " massif de machine on se rend mieux compte de l'envergure générale que cela a représenté!
on attend le début avec une binouze et des caouettes... fait vite j'ai pas beaucoup de stock en ce moment
Philippe Général
Messages : 29939 Date d'inscription : 13/08/2015 Age : 54 Localisation : Duclair (76)
Bonsoir à tous et merci pour vos retours bien sympas.
Avant le montage promis et comme prévu, je ne résiste pas à vous proposer une étude résumée sur le mythe ou la réalité du Ki-100, en tant que meilleur chasseur Nippon! Comme à mon habitude, j'y intègre le fruit de mes recherches ponctuées d'anecdotes, de récits et de photos, en rapport avec les pilotes et les faits.
J'espère que vous y trouverez aussi de l'intérêt.
Le Ki-100 meilleur chasseur nippon de la guerre : mythe ou réalité?
Si nous sommes un tant soit peu objectifs, on s’aperçoit que « le concept du meilleur » réapparait régulièrement avec les nouveautés : ça a été le cas lors de la mise en service du A6M2 Zeke (« Zéro » de la Marine Impériale), du Nakajima Ki-84 Hayate (« Frank ») puis du Kawanishi N1K-2J Shiden Kai (« George ») et enfin du Ki-100. Durant les 6 derniers mois de la guerre du Pacifique, les Ki-100 vont s’affronter sporadiquement aux avions US avec des résultats mitigés, mais ce ne sont que sur deux combats mémorables que « des historiens » vont se baser pour entretenir le mythe de « l’invulnérabilité » du Ki - 100 et son classement comme meilleur chasseur nippon, mythe encore entretenu de nos jours.
1er combat avec Yohei Hinoki :
Le 16 juillet 1945, 96 P-51D des 21th et 506 th FG ont pour mission de ratisser la région de Nagoya où l’Armée de l’Air Impériale est toujours active. A leur rencontre montent une soixantaine de chasseurs dont une majorité de Ki-84 « Hayate » et 24 Ki-100 du 111è Sentai, créé la veille et commandé par un pilote d’exception, le Shô-i Yohei Hinoki.
Yohei Hinoki, le trompe la mort !
Né en 1919, décédé en 1991, il obtient ses ailes en tant qu’officier pilote en 1941 et immédiatement affecté au 64e Sentai. Au 1er jour de la guerre il force un Bristol Blenheim MkIV du 34 Squadron à se poser sur le ventre. L’équipage est fait prisonnier.
Le vainqueur devant son Ki-43 I "Oscar"
Il est « affecté » comme ailier de Takeo Kato, chef charismatique du 64e Sentai avec mission de le protéger coute que coute. Collant à l’avion de son chef, il ne peut pas exprimer son talent de chasseur, mais malgré ce handicap, le 31 janvier 1942 il parvient tout de même à abattre consécutivement deux Hawker Hurricane du 238 Squadron au-dessus de Singapour.
Photo du fringuant pilote en Malaisie en 1942, muni de son Katana de Samouraï (pour la photo car il n'était pas emmené en vol!).
Le 10 avril 1942 le 64e Sentai est pris à parti par les Tigres Volants de Claire Lee Chennault basés à Kunming en Chine.
Les P-40C surprennent les Ki-43 à basse altitude (là où le Curtiss est très efficace) au-dessus de Loïwing, en Chine.
Hinoki ne parvient pas à se dégager de l’attaque du Leader du 3e Squadron de l’A.V.G. Robert T. Smith (as aux 8 victoires) qui endommage tellement son avion qu’il le réclame comme probablement détruit.
Smith devant son "Tomahawk" n° 47
sur ce cliché, on remarque que le camo du dessinateur ne colle pas vraiment avec la photo de l'avion.
Mais le pilote japonais a aussi « morflé ». Son bras gauche pend, inutilisable et une balle lui a ouvert la fesse. Une autre de 12,7mm s’est arrêtée juste au contact de son colonne vertébrale après avoir traversé son siège et son parachute.
Fou de douleur, il pense à abréger ses souffrances en précipitant les restes de son "Hayabusa" contre une colline, mais il se ressaisit et décide d’essayer de rentrer. Désorienté, luttant pour ne pas s’évanouir, il reconnait une rivière qu’il survole et qui le ramène sur une base en Birmanie où il finit en vol plané à court de carburant et sans possibilité de sortir son train d’atterrissage.
Il est extirpé inconscient de la carlingue et hospitalisé pendant plus d’un mois.
Fin de convalescence et reprise de l’activité. Malgré ses blessures, il adopte une attitude hautaine pour la photo!
Appliquant le code sacré du Bushido des Samourais, qui dicte les principes moraux que les guerriers japonais sont tenus d'observer, il ne vit que pour reprendre le combat.
Bushido
Le 25 Novembre 1943, Hinoki devient le premier pilote à abattre un P51-C. Il était piloté par le Cdt du 311th Squadron qui perd la vie.
En vol dans son Ki-43 II
Le 27 Novembre, il descend coup sur coup un autre «Mustang», un P-38 « Lightning » d’escorte puis un B-24 Liberator et en endommage un second.
Du grand art, quand on connait la faiblesse de l'armement du « Hayabusa » constitué uniquement de deux mitrailleuses de capot !
Qu’aurait-il fait aux commandes d’un Ki-61 ou d’un Ki-84 ?
profil de son Ki-43 II "Hayabusa" Mais quelques instants après cette victoire sur le bombardier US, les choses se gâtent.
Trop préoccupé par son attaque sur un troisième B-24, il ne voit pas se rapprocher le P-51 C du 2nd Leutnant Robert F. Mulhollem (as aux 5 victoires). Les rafales de 12,7 qui ravagent son cockpit lui sectionnent la jambe droite qui ne tient plus que par des lambeaux de chair.
Comment réussit-il à se débarrasser de son adversaire (qui vient d’abattre 2 « Oscars » et qui le revendiquera comme probable) et ……à rentrer ??? Il se pose vivant et il va survivre, mais amputé de sa jambe droite!
voici le récit qu'il a conté de son aventure:
« …evidemment, les P-51 de l’escorte ont entendu les appels de détresse des B-24 et l’un d’eux me cueillit par surprise, comme s’il avait surgi du néant. En fait je ne pus le voir car il s’était placé par en dessous, dans mon angle mort. Ses projectiles traversèrent le plancher de mon cockpit et en dévastèrent l’intérieur. Ma cuisse droite sembla exploser sous l’impact d’une balle de 12,7, pourtant, sous l’effet de l’adrénaline et occupé à ne pas perdre de vue mon agresseur, je ne ressentis pas tout de suite la douleur. Quand le Mustang bascula pour une nouvelle passe, j’ai pensé que tout était fini. Il a tiré et touché une fois encore mon « Hayabusa » qu’il a transformé en passoire, mais moi, je n’ai pas été touché à nouveau ni le moteur non plus, car il tournait bien rond et les réservoirs percés ne se sont pas enflammés ! C’est alors qu’une douleur insupportable envahit toutes les parcelles de mon corps à me faire hurler. Le cockpit se remplissait de mon sang qui giclait de l’affreuse plaie et la sensation de vertige qui me gagnait me fit croire que j’étais en train de mourir. Dans un réflexe de survie et de bon sens que je n’arrive toujours pas à expliquer, j’ai saisi la longue écharpe en soie qui me servait de foulard de vol, je l’ai entouré autour de ma cuisse et me suis confectionné un garrot. Fort heureusement, il y avait des terrains de secours dans le secteur et à la limite de l’évanouissement, j’ai réussi à poser mon épave sur l’un d’eux…. »
Il a perdu beaucoup de sang et il est intransportable pour tenter de le rapatrier sur le Japon. Après de longs mois de soins et d’incertitude, il est enfin évacué sur un hôpital où il va réapprendre à marcher avec une prothèse.
convalescence
Caractère bien trempé, il ne renonce pas et se bat pour voler à nouveau.
Aussi, tenant compte de sa grande expérience au combat, on lui permet de reprendre sa place en opérations, (un clin d’œil en passant à Douglas Bader « le vainqueur du ciel » pour ceux qui connaissent).
Conversion faite sur le tout nouveau Ki-100, il prend le commandement du 2e Datai du 111e Sentai en tant qu’instructeur à la fameuse école d’Akeno au Sud d’Osaka où sont concentrés « d’autres pointures » qui ont survécu aux combats.
Profil de son avion Il va affronter les puissants B-29 qui écrasent l’Empire du Soleil Levant sous leurs tapis de bombes et leurs escortes et remporter d’autres victoires.
Sur cette photo, on ne compte pas moins de 23 Mustang en escorte du B-29
La 12 ème et dernière victoire « officielle » de sa carrière (il semble bien qu’il en ait eu d’autres non reconnues), il l’obtient le 16 Juillet 1945 sur l’un des 96 P-51 D Mustang du 506 th FG, 457 th FS.
Abattu à bout portant, le Cpt. John W. Benbow, officier des opérations, ne rentrera pas de sa mission. Ses restes, retrouvés dans l’épave de son P-51D qui a impacté les collines au nord de Nagoya, seront inhumés en 1946.
John Benbow devant le P-51D 508. C'est à bord du 538, serial number 44-63893 qu'il va trouver la mort.
L'artiste peintre Iain Wyllie a peint l'action; voici son tableau :
Yonei Hinoki se rappelle:
« J’éprouvais une envie de vengeance en pensant à l’Américain qui m’avait pris une jambe mais je ne voulais pas le rater... Mon avion vibrait à cause d’un défaut dans l’hélice et je me suis rapproché à moins de 50 m, pour ainsi dire à lui voir le blanc des yeux et j’ai actionné canons et mitrailleuses. Même avec un avion qui aurait vibré trois fois plus, je ne pouvais pas le manquer. J’ai vu les impacts sur son fuselage puis il est parti en ville vers le sol et a explosé. Dix secondes plus tard, il y avait 10 P-51 à mes trousses... »
Il est poursuivi par une dizaine de P-51 et parvient à éviter le pire grâce à la manoeuvrabilité de sa monture. Mais l’étau se resserre, les américains « ne lâchent pas l’affaire » et ne lui laissent pas de répit. Il décide alors de s’en sortir en piquant à la verticale et finit par semer ses poursuivants. Il rentre sain et sauf au terme de 50 mn de vol à bord d’un « avion un peu tordu » (récits de ses mémoires dans Aéro Journal n°39 février-mars 2014, dans Osprey "Les as de la force aérienne de l'Armée Impériale Japonaise et dans le Fana de l'Aviation).
Résultats: Pour ce combat, les japonais font état de 6 victoires sures et 5 probables mais admettent la perte de 5 avions et 3 pilotes. Les américains quant à eux, revendiquent 25 avions japonais et 2 probables (ce score parait fortement surestimé), pour la perte d’un seul P-51 et de son pilote.
Le "trompe la mort" dans les derniers jours du conflit
Le deuxième combat est mené par le célèbre Teruhiko Kobayashi.
Il a lieu 9 jours après celui de Nagoya presque au même endroit, à Yokaichi. Cette fois, ce sont 10 F6F-5 Hellcat de la VF-31 embarqués sur l’USS Belleau Wood (CVL-24)...
…commandés par le Lt James S. Stewart, qui vont s’affronter à 18 Ki-100 du 244e Sentai de Teruhiko Kobayashi.
Kobayashi, connu par les maquettistes grâce à son Ki-61 haut en couleur, est une pointure. Il n'a "que" 12 victoires reconnues, mais 10 B-29!
Les dernières seront acquises à bord de son Ki-100, lors des grands combats du 15 Mai 1945 où 73 Bombardiers B-29 seront abattus et 92 autres endommagés.
Les Goshiki-Sen sont à nouveau identifiés par erreur comme des Ki-84 Frank.
le Ki-100 de Kobayashi
A l’issu du combat, les japonais revendiquent 12 victoires sures pour la perte de deux avions et de leurs pilotes dont le Cdt Tsutoe Obara lors d’une collision frontale qui a tué aussi l’Ensign Edwin R. White. Ce score est impossible vu que seulement 10 Hellcat étaient présents ! Les pilotes de la Navy revendiquent 7 « Frank » et 1 « Tony » surs, 2 probables et 1 endommagé, (alors qu’aucun Hien n’a participé aux combats) et la perte de deux Hellcat et de leurs pilotes. Une étude minutieuse (autant que faire se peut, vu l’état des archives japonaises après guerre) permet d’avoir des doutes sur le sérieux de ces déclarations car les éléments à prendre en compte ont largement été galvaudés. Les comparaisons entre les avions en lice sont incomplètes et ne permettent pas d’être aussi catégorique. La lecture des rapports officiels de combat des pilotes US donnent une vision des faits à leur avantage, continuant à confondre les Ki-100 avec des Ki-84. Certains font des remarques sur des « capacités supérieures à l’habitude tant sur l’utilisation de leurs « Frank » que sur les techniques inhabituelles de combat des pilotes rencontrés. Ils ne savent pas que ceux-ci sont la crème des pilotes de chasse survivants et qu’ils ne pilotent pas des « Frank » mais le tout dernier modèle de chasseur! Depuis quelques temps, le concept du « Dog Fight » a été abandonné par les japonais qui utilisent à présent le « Hit and Run » (« attaque et barre-toi »), inventé par les pilotes finlandais, d’autant que les chasseurs sont à présent pourvus de protections efficaces et de réservoirs auto obturant. Alors que le moindre impact sur un Zéro le transformait en une boule de feu, ils remarquent que les avions ennemis sont difficiles à enflammer.
A la fin des hostilités, à l’instar de la Luftwaffe où l’on confiait les fantastiques FW 190-D9 à des novices tout juste formés, le niveau technique des pilotes japonais est bas et seuls les quelques « experts» qui ont survécu peuvent s’opposer avec succès à ceux de la Navy et de l’USAF ce qui semble avoir été le cas.
Pour Finir : A l’évidence, le Ki-100 est un chasseur dangereux avec lequel il faut compter, mais peut-être pas encore l’arme redoutable que la légende a tenté d’en faire. L’intercepteur est certainement très prometteur, mais il arrive bien trop tard et en trop faible quantité. Encadrés par les rares as encore en vie, versés dans les écoles de pilotage, capable de les utiliser au mieux de leurs possibilités, les Ki-100 qu’on attribue aux pilotes novices ne vont pas changer grand-chose entre leurs mains débutantes. Six mois après la mise en service opérationnelle du Goshiki-Sen, sonne le glas de l’Empire du Soleil Levant, avec le bombardement d’Hiroshima puis de Nagasaki. On ne dispose donc pas de recul suffisant pour pouvoir juger concrètement de ses réelles capacités face aux Hellcat, Corsair et Mustang aux commandes de leurs pilotes bien formés et disciplinés et qui avaient acquis la quasi maîtrise du ciel.
A noter pour finir que le Ki-100 est le seul avion japonais à ne pas avoir reçu d’identification nominative selon la célèbre nomenclature de Frank Mc Coy.
Serge
Dernière édition par Strato51 le Ven 2 Oct 2020 - 14:26, édité 3 fois
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FW190Dora Général
Messages : 12893 Date d'inscription : 16/08/2013 Age : 53 Localisation : Ain
j'espère impossible un plantage de serveur ou je ne sais quelle panne qui ferait perdre ces pages du forum, ça serait bien triste , j'espère que tu as des doublons quelque part !
l'histoire d'Hinoki est incroyable, il pourrait devenir le personnage central d'un bouquin ou d'une BD, Hugaut si tu nous lis.....
"Mais le pilote japonais a aussi « morflé ». Son bras gauche pend, inutilisable et une balle lui a ouvert la fesse. Une autre de 12,7mm s’est arrêtée juste au contact de son colonne vertébrale après avoir traversé son siège et son parachute."
rien que ça....
je note aussi "Les dernières seront acquises à bord de son Ki-100, lors des grands combats du 15 Mai 1945 où 73 Bombardiers B-29 seront abattus et 92 autres endommagés."
ça a du foutre un sacré coup au moral, surtout qu'habituellement ressortent surtout les pertes Japonaises à cette période
ces chiffres englobent les pertes de B29 sur tout le pacifique ?
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Strato51 PsychoScratcheur
Messages : 2378 Date d'inscription : 05/12/2016 Age : 73 Localisation : Hérault
Je n'ai pas recherché le chiffre exact des pertes des B-29 dans le Pacifique, mais vu que l'avion a commencé les bombardements en juin 1944 et qu'en janvier 1945 plus de 150 avaient déjà été détruits (toutes causes confondues) et vu que les moteurs Wright R-3350 étaient sujets à de nombreuses pannes, notamment de surchauffe, environ 350 bombardiers supplémentaires ont été perdues dans le ciel des combats, dont un bon nombre par la chasse nippone qui achevait systématiquement les trainards. L'agressivité des pilotes Samouraïs se retrouve dans leurs scores: les 10 premiers as encore vivants en cette fin de guerre ont tous un nombre effarent de B-29 à leur actif. (Tehuriko Kobayashi en a 10 sur ses douze victoire, dont une par abordage!). Certains étaient aux commandes de vieux Ki-43 Hayabusa et ils n'avaient pas peur d'aller chatouiller de face les géants hérissés de mitrailleuses de défense et entourés de meutes de P-51. Difficile d'ailleurs pour moi de comprendre comment ce petit chasseur complètement dépassé était en capacité d'affronter des géants de 43 m d'envergure et 30 m de longueur de plus de 60 tonnes qui évoluaient à 8500 m et à plus de 500 km/h!
Ki-44 Tojo à l'oeuvre
Les abordages volontaires et individuels étaient fréquents et il y eut même des escadrilles spécialisées dans l'exercice, notamment avec des Ki-61 Hien, des Ki-44 Tojo et même des A6M-5 et 7 de la Marine, munis de bombes ventrales comme ceux qui essayaient de s'écraser sur les porte avions ! Presque tous les types de chasseurs mono ou bimoteurs ont participé peu ou prou aux interceptions. Au final on est plus près de 500 bombardiers B-29 perdus (compte 11 hommes d'équipages par avion, mais heureusement, tous ne perdaient pas la vie......).
J'ai lu les récits des équipages de B-29 basés à Iwo Jima et ça fait froid dans le dos; ils étaient jeunes mais la plupart avaient la conviction qu'ils partaient à l'abattoir! Le stress était tel que des missions ont été interrompues fautes du regroupement avec les P-51 d'escorte. Je t'assure que les gars n'étaient pas à la fête et les percussions volontaires des "avions du soleil levant" leur minaient le moral !
Pour info, 3970 exemplaires ont été construits.
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JP Général
Messages : 28767 Date d'inscription : 27/12/2013 Age : 63 Localisation : Ambutrix- Ain-
Je voulais rajouter quand même que la roue tourne et que tout change à partir de mi juillet 1945. Dès le mois d'août, le Japon n'a plus les moyens de faire voler ses avions!
- Plus d'essence: les faibles stocks encore disponibles sont réservés aux missions kamikaze imposées aux pilotes novices qu'on va "suicider pour l'honneur d'une cause perdue".
- Plus de nouveaux avions: les chaînes de production systématiquement écrasées sous les tapis de bombes au napalm et au phosphore n'existent plus. - Il reste juste 200 avions en première ligne sans pièces de rechange, moins d'une centaine en réserve et l'attrition ne fait qu'augmenter de façon catastrophique! - Plus de capacité à former de nouveaux pilotes - Les moustachus encore en lice essaient de survivre avant d'être emportés par l'ouragan US et ses alliés (la Royal Navy et la Fleet Air Arm viennent de se joindre à eux pour la curé finale).
Voici ce que déclare le Général Henri H. Arnold, commandant en chef des forces aériennes combinées de l'US Army Air Force:
"Jusqu'au 15 août, (*date de la reddition) nous avons bombardé le Japon à notre gré et aux altitudes de notre choix, parfois seulement depuis 1500 m et en toute impunité. Dans la dernière phase, nous avons utilisé des B-29 dépourvus de blindage et quasiment désarmés. Lors du lancement des bombes atomiques, nous étions tellement confiants dans le fait qu'aucun B-29 ne rencontrerait d'opposition aérienne, que nous avons envoyé le second appareil avec sa bombe, (*Nagasaki le 9 août, Hiroshima c'était le 6 août 1945) sans escorte ni armement défensif! "
...et "pour le fun" voilà ce qu'étaient capables de faire certains pilotes chevronnés auparavant: à gauche le Lt. Shinomiya Tôru qui ramène son Ki-61 fortement endommagé (et je me demande bien comment ??? sur la photo la rupture de l'aile gauche est située au droit du tube de pitot soit un bon tiers de portance décalée en moins), et à sa droite, le Sgt. Itagaki Masao qui détruit aussi un B-29 par abordage avant de réussir à sauter en parachute !
Beaucoup d'autres pilotes japonais n'auront pas cette chance.
Dernière édition par Strato51 le Mer 7 Oct 2020 - 14:52, édité 5 fois
Strato51 PsychoScratcheur
Messages : 2378 Date d'inscription : 05/12/2016 Age : 73 Localisation : Hérault
Le Ki-100 n'ayant pas séduit les fabricants au 1/32, je vais me tourner vers la société A2ZeeModel / Aley Cat, que gère l'ami Alistair "écossais de son état", qui produit d'intéressants sets en résine destinés aux transformations. Il a repris aussi le Boomerang, le Fury et le Yak 1B de Montex....
Dans le futur, avec le "brexit", je suppose que ça sera moins facile de commander sans frais de douane, mais vu les tergiversations qui perdurent, on a encore peut-être un peu de temps!.....
AleyCat propose les deux versions du Ki-100.
La version à "vision totale"
avec trois possibilités de décorations
La maquette sur laquelle il s'appuie est le Ki-61 de Hasegawa
et c'est sur celle-ci que j'ai travaillé en choisissant la version du Ki-100 II b avec verrière en bulle.
Le set en résine "artisanal" est très correct et les dimensions sont bonnes. Toutefois, la résine est dure et cassante et l'épaisseur varie entre les deux fuselages. Je m'en suis aperçu lorsqu'elle s'est enfoncée au niveau du cockpit alors que j'appuyais sur "Rosie" pour graver les lignes de rivet.
Le contenu du set:
La notice est minimaliste, mais on comprend assez rapidement où placer les quelques pièces du set.
Une maladresse me prive des photos du montage, mais afin de présenter le détail des pièces, les fuselages et les parties vitrées ci-dessous sont ceux de la version avec le fuselage "haut" (bird cage) qui ne concernent pas ma transformation. Par contre les autres pièces sont similaires.
Voici les pièces transparentes utilisées; elles sont revêtues des pochoirs avant mise en peinture.
La procédure consiste à substituer les fuselages et les pièces constituant le radiateur du Ki-61 par celles du Ki-100. Le dièdre est assuré automatiquement par conception avec la pièce qui représente le plancher d'intrados et qui relie les ailes. Les jonctions sont perfectibles et réalisables avec apport de mastic.
L'assemblage de l'habitacle suit la notice d'Hasegawa. L'appui tête est différent.
Le tableau de bord est différent de celui du Tony en haut celui Ki-61, en bas Ki-100
...et je l'ai réalisé à l'ordinateur.
Le brêlage est absent et comme dans le Hien c'est une ceinture pelvienne.
Il est confectionné comme d'habitude avec du métal alimentaire.
A l'aide des plans à l'échelle, j'ai gravé les lignes des panneaux travaillant et les lignes de rivets, en intrados, en extrados et sur les fuselages.
Un fond noir satiné suivi d'un voile aluminium serviront de primer pour la peinture à venir
Travail de rivetage sur les ailes
et sur le fuselage
J'ai découpé la trappe amovible d'accès à la radio et aux bouteilles d'air comprimé et j'ai désolidarisé les volets, aménagé les axes de rotation, puis les ai fixé en position sortie.
J'ai ajouté aussi en léger relief les panneaux et les trappes de visite (travail identique à celui réalisé sur le Kawasaki Hien Ki-61 II a Kai, à voir sur le forum).
Les trappes de train sont trop épaisses et j'en ai confectionné de nouvelles dans du métal alimentaire fin (canette de boissons) et dans de la carte plastique fine.
Les rivets sont gravés et le n° de l'avion est reporté sur fond rouge
@+ Serge
Dernière édition par Strato51 le Mer 7 Oct 2020 - 14:57, édité 3 fois
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JP Général
Messages : 28767 Date d'inscription : 27/12/2013 Age : 63 Localisation : Ambutrix- Ain-
comme d'habitude, je me tais et j'admire ton travail
Tomcat71
Strato51 PsychoScratcheur
Messages : 2378 Date d'inscription : 05/12/2016 Age : 73 Localisation : Hérault
Sujet: Re: Kawasaki Ki-100 Goshiki-Sen 1/32 (Hasegawa/Alley Cat) Ven 2 Oct 2020 - 17:49
Salut Tomcat, j'aime bien converser avec toi aussi!
Intéressante photo qui permet de visualiser quelques détails : Le témoin de train sorti en extrados de l’aile, le plot isolant en céramique du câble de l’antenne, la lampe au sommet du fuselage derrière la verrière, le « grip » de préhension amovible qui permettait d’accéder à l’aile, en position sortie, la trappe de visite de fuselage.
Cette vue permet de voir le phare d’atterrissage dans le bord d’attaque de l’aile gauche et le long tube de pitot. On distingue aussi les limites de la peinture des bouts de pale et la manivelle par inertie.
Les nouvelles trappes rivetées sont en place avec le n° d'identification de l'avion sur fond rouge.
Détail de la manivelle au-devant de la trappe de train, dont je vais m'inspirer pour créer la mienne en scratch
A l’extérieur du compensateur intégré dans la gouverne de profondeur, on remarque la présence d’un autre compensateur fixe de plus petite dimension (détail créé aussi sur le Ki-61 –II Kai).
Absent sur le modèle, en m’aidant des plans et des photos, je les ai ajoutés en carte plastique fine.
Au décollage : Les photos de Ki-100 en vol sont rares, celle-ci malgré sa mauvaise qualité, permet de bien voir l’angle important du dièdre des ailes. L’avion emporte deux bidons de carburant largables.
A l’atterrissage : train sorti, volets partiellement abaissés. On distingue quelques traces sombres au niveau des lignes de panneaux de la sortie du radiateur et des baies de train
j'ai tenté d'en reproduire le résultat sur l'aluminium de mon modèle
Les canons HO-5 de 20 mm tirant à une cadence de 200 coups/mn au travers le disque de l'hélice
La roulette de queue n'était pas amovible. L'élimination de la cinématique participait au gain de poids final. Notez la présence des guides de rappel des gouvernes de profondeur et du gouvernail
Le brêlage constitué d'une sangle pelvienne, ne protégeait pas contre la projection du buste vers l'avant en cas de crash.
J'ai créé le dispositif de distribution d'oxygène absent dans le set dont la forme est très proche de celui utilisé dans les Bf 109G.
Peint en bleu, il est fixé sur la paroi droite de l'habitacle
Le collimateur est de dernière génération. Il est identique à celui qui équipe les dernières versions du Ki-61 Hien.
Le tableau de bord du Ki-100 (en bas) est différent de celui du Ki-61 (en haut).
Les marquages rouges sur l'extrados des ailes représentent les limites interdites aux piétinements.
Détails sur: la trappe ouverte, les marchepieds d'accès, le plot céramique du câble d'antenne, la lampe d'identification jaune sur le fuselage, la poignée de préhension sur le fuselage (en position ouverte) et le témoin de sortie de train en extrados.
Choix de l'avion:
L’avion que j’ai choisi est un Ki-100-I Otsu, identifié sous le n° 80, du 1er Chûtai, 111è Sentai, piloté par le Lt. Tatsuda Mamoru, instructeur à l'Ecole d'Aviation d'Akeno, "nid de moustachus" qui donnèrent beaucoup de fil à retordre aux pilotes US en Juillet et début Aout 1945. Sous le commandement de Honei Hinoki, il a participé au grand combat du 16 juillet 1945 contre les P-51 D (narré plus haut dans la rubrique historique).
Il existe plusieurs profils couleur de cet avion avec parfois une attribution à un pilote et une date différent(e)s et d’autres couleurs de décoration, (du bleu en l’occurrence). Difficile de trancher avec les clichés monochromes de l’époque : bleu ou rouge ? Au final, j’ai opté pour le rouge tel que le propose J-M. Guillou dans une de ces illustrations au profit du magazine Aérojournal, mais sans certitude.
Les marquages sont dessinés par ordinateur puis imprimés sur décalque.
Sur le plan fixe, débordant sur la dérive, l'emblème de l'Ecole d'Aviation d'Akéno en rouge (pas en bleu, ça c'est sur!).
Pour finir, les photos après reprise des détails et la patine finale.
A priori et sauf erreur, il n'existe que deux survivants au monde de cet avion né tardivement par le hasard d'une circonstance et les deux exemplaires sont en Grande Bretagne.
l'un est exposé au Musée de la RAF de Cosford
l'autre au Musée de la RAF de Hendon (où j'ai pu le photographier sous toutes les coutures).
Bonne lecture et visionnage.
Serge
Dernière édition par Strato51 le Ven 2 Oct 2020 - 23:15, édité 1 fois
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loule13 Admin
Messages : 9484 Date d'inscription : 11/11/2015 Age : 53 Localisation : marseille (13004)
Sujet: Re: Kawasaki Ki-100 Goshiki-Sen 1/32 (Hasegawa/Alley Cat) Ven 2 Oct 2020 - 18:25