Le Siemens-Schuckert D.IV est un avion de chasse allemand de la Première Guerre mondiale, successeur du Siemens-Schuckert D.III dont la carrière fut entravée par de continuels problèmes de moteur. Il était intégralement fabriqué par des filiales du groupe Siemens fondé en 1847 : sa cellule était fabriquée par Siemens-Schuckert Werke (SSW) et son moteur par Siemens & Halske (Sh). Ce biplan à hautes performances, surtout en altitude, arriva toutefois trop tard dans le cours de la guerre, et finalement peu d'exemplaires furent engagés au combat.
Cette machine fut conçue par l’ingénieur Heinrich Kann, nouveau venu dans le bureau d’études SSW. Elle présentait des lignes plus aérodynamiques que le Siemens-Schuckert D.III et affichait de meilleures performances en vitesse de croisière et en vitesse ascensionnelle. La corde de la voilure était considérablement réduite (1 mètre), équilibrant les envergures des plans supérieurs et inférieurs. Les résultats escomptés étaient largement atteints : montée à 6 000 mètres en 16 minutes et vitesse maximale augmentée de 10 km/h
En dépit de ses qualités, le SSW D.IV fut fabriqué à peu d'exemplaires. La commande en série fut passée en mars 1918, mais les livraisons, très sporadiques, débutèrent seulement en août. Les avions furent pris en compte par les Jagdstaffeln (Jasta) 14 et 22 ainsi que par le Marine Jagdgruppe Osterkamp (groupe de chasse de la Marine) commandé par l'as de l'aviation Theo Osterkamp. À la fin septembre 1918, six Jasta possédaient une dotation incomplète en D.IV.
Sur un total de 280 appareils achevés, 140 seulement entrèrent en service en août 1918 et 70 furent utilisés en combat. Leurs pilotes furent unanimes à reconnaître leurs qualités :
Le Leutnant Alfred Lenz, Staffelfuhrer de la Jasta 22 (en), déclara : « sans aucun doute, l’avion est bien supérieur à tous les chasseurs actuellement en service. » Le 29 septembre 1918 il avait atteint 6 000 mètres en seulement 14 minutes 30 secondes à bord d’un D.IV à pleine charge. Néanmoins il émettait des réserves, estimant que seul un pilote chevronné pouvait s’habituer à la grande vitesse d’atterrissage.
Le 7 septembre 1918, le Vizefedwebel Bruno Rodschinka attaque à la verticale de Francfort-sur-le-Main une formation de 24 bombardiers Airco DH.4 et en abattit deux.
Dès que les capacités du D.IV furent connues, chaque pilote allemand voulut en être doté. La prestigieuse Jagdgeschwader I « Richtofen » en exigea 24 en octobre 1918, en vain.
La production du D.IV se poursuivit longtemps après l’armistice, jusqu’à mi-1919. Bien que de nombreuses cellules aient été détruites sur ordre de la commission d’armistice, quelques appareils combattirent encore sur le front de l'Est dans la période confuse d’hostilités de 1919.
Un seul exemplaire de D.IV a survécu, assez endommagé, et est exposé au musée de l'aviation polonaise de Cracovie