Seversky puis Republic P-35 de William Bros Inc au 1/32

 Salut le monde!

Après un break plus long que prévu, me revoici avec une nouvelle étude.

Il y a quelques années déjà, j'ai commis une étude historique comprenant un triple montage au profit d'un magazine dont mon expérience m'incite à taire le nom.
Cette fois, je vous propose de découvrir (ou redécouvrir) un appareil somme toute pas très connu et qu'on voit rarement sur les tables d'exposition.
Voici donc l'aventure Seversky et celle des Seversky P-35 puis le Republic P-35A en version USAAC et sa version export EP1-106.

Bonne lecture.


Les maquettes:

Au 1/72, j’en ai recensé 18 en styrène et une en résine. Les plus connues sont celles de Kora Models et de Special Hobby.

Au 1/48, de 1993 à 2022 trois marques principales s’y sont essayées :
Hobby Craft, Académy et Wolfpack.

Au 1/32, c’est au fabricant Californien Williams Bros Inc. (surtout connu pour ses productions d’avions de course), que l’on doit l’unique exemplaire du Seversky P-35/S2 à cette échelle.

boite initiale:




en 2014 ( je crois ?) apparait un re-boitage, sans aucune modification mais avec une nouvelle planche de décalcomanies.





Ce « short run » a vu le jour en 1970, aussi on ne sera pas étonné par la "rusticité" du moulage loin des standards actuels.
En ouvrant la boite, on trouve environ 70 pièces réparties sur 3 grappes.








Elles sont souvent épaisses et vont nécessiter un sérieux amincissement au niveau des bords de fuites et des gouvernes moulées solidairement des ailes et des plans fixes. Comme il était d’usage à l’époque, les lignes de structure et les quelques panneaux représentés apparaissent en léger relief et les rivets sont inexistants.
La notice de montage (en américain) n'est pas toujours très claire; elle est accompagnée d'un plan de l'avion correct où sont représentés les emplacements des décalcomanies dont la planche est bien fournie.





Voilà pour l'ouvre boîte, la suite bientôt.

Serge

Merci Serge
Je pense que JC ne va pas tarder à montrer le bout de son appendice nasal.

pierru a écrit:

Merci Serge
Je pense que JC ne va pas tarder à montrer le bout de son appendice nasal.

Et comment J'attends la suite avec une certaine impatience

Salut Serge,

Effectivement au 32 on en vois pas dans les expositions.. Faut dire que vu le contenu beaucoup ont refermés la boite
elle fait aussi partie de ma petite collection Williams Bros

Bonne suite

Je ne peux pas évoquer le P-35 sans parler de son concepteur, alors faisons connaissance avec un drôle de bonhomme!

Alexander Nikolaievich Prokofiev de Seversky est issu de la grande noblesse polonaise. Son parcours est riche en événements et pour en faire le tour, il faudrait presque un livre !

Je vais tenter de le résumer :

Il est né en 1894 à Tbilissi en Géorgie.
A 10 ans il accède à une école militaire. A 14 ans il intègre l’Académie Navale Impériale Russe et il sait déjà piloter par l’entremise de son père, pilote lui-même et possesseur d’un Blériot XI !

En 1914, il décroche son diplôme d’ingénieur et intègre l'École Militaire d'Aéronautique de Sébastopol, en Crimée, puis une unité d’aviation de la Baltique en 1915.





La première guerre mondiale éclate et il perd une jambe au combat !

La Russie entre en guerre contre l’Allemagne et l’utilisation de l’avion en tant qu’élément opérationnel et stratégique entre tout juste en expérimentation.
Lors d’une mission de bombardement, de Seversky attaque un destroyer allemand mais il est abattu par la DCA du navire. Son observateur est tué et lui gravement blessé. Il est amputé au-dessous du genou et équipé d’une prothèse ; lors de sa convalescence, il ne pense qu’à revoler, mais malgré ses protestations, les autorités le déclarent inapte au combat.

Lors d’un spectacle aérien où il n’était évidemment pas prévu, puisque interdit de vol, il réalise une impressionnante prestation afin de prouver son aptitude au vol, dans l’espoir de réintégrer le service actif. Au lieu de ça, il est immédiatement mis aux arrêts.
L’intervention personnelle du Tsar Nicolas II va lui permettre de retourner au combat. Trois jours après sa réhabilitation, il abat son premier avion ennemi et prend le commandement du 2 nd Naval Fighter Detachment. Hélas il subit un accident de circulation qui fracture sa jambe valide !
Remis, il prend le commandement de « l’Aviation de Poursuite » à Moscou et retourne au combat.




Le 14 décembre 1916 il est contraint à un atterrissage forcé dans les lignes ennemies mais il réussit à rejoindre les siennes sain et sauf.
Lorsque la première guerre mondiale cesse, il a effectué plus de 60 missions de guerre et revendique 6 avions ennemis abattus. Pour ses faits d’arme, on lui a décerné 5 décorations.

Changement de vie !

En octobre 1917, les coups de canon du cuirassé Potemkine, à quai à St Petersbourg, "sonne" le signal de la révolution bolchévique. C’est le soulèvement général. En mars, de Seversky est aux Etats Unis où il officie à l’Amirauté en tant qu’attaché naval adjoint à la mission de l’aéronautique navale russe. Compte tenu de la tournure que prennent les évènements dans son pays, il décide de demeurer aux USA.
Les relations entre les deux pays étant rompus il est remercié par l’Amirauté. Au chômage, il s’installe à Manatthan et ouvre temporairement un restaurant…il faut bien vivre !

Une carrière en adéquation avec ses capacités d’ingénieur

Il offre ses services en tant que pilote au département de la guerre et compte tenu de ses états de service et de ses diplômes, il est nommé ingénieur-conseil et pilote d'essai affecté au district de production aéronautique de Buffalo.
Il aide le général Billy Mitchell dans sa détermination à faire reconnaître l’importance de l’aviation de bombardement contre les cuirassés. Celui -ci ne l’oubliera pas !

Petite appartée pour Mitchell:

Billy Mitchell sera traduit en cours martiale pour avoir outrepasser l’interdiction de prouver qu’un avion pouvait couler un navire de guerre.
Ce qu’il fit lui-même !  La réussite de sa démonstration changera radicalement la vue étriquée de l’Etat Major sur les capacités aériennes opérationnelles.

B Mitchell





Des brevets en veux-tu ? en voilà !

Alexander de Seversky se lance dans l’innovation technique et dépose 364 brevets !
On lui doit entre-autres celui du 1er ravitaillement en vol en 1921 et du 1er collimateur à stabilisation gyroscopique en 1923…
En 1928, il est admis dans les réserves de l'Army Air Corps (l’USAC) au grade de Major.





Naissance de la Seversky Aircraft Corporation

En utilisant une partie de la vente de ses brevets et notamment celui de son collimateur gyroscopique au gouvernement américain, Seversky fonde la Seversky Aero Corporation en 1923.
Hélas le krach boursier de 1929 va mettre fin à ses activités.
Il ne baisse pas les bras et en décembre 1931, avec l’aide d’un millionnaire de Wall Street et d’autres investisseurs, il ressuscite son entreprise qui prend le nom de Seversky Aircraft Corporation.
Il embauche deux ingénieurs émigrés russes de talent le chef Michael Gregor et Alexander Kartveli dont je reparlerai plus loin.


Conception et productions d’aéronefs

Le bureau d'études de Seversky Aircraft Corporation planche sur 25 projets innovants différents. Si certains restent dans les cartons, une quinzaine de prototypes et dérivés voient le jour ... suivis de nombreux autres!  
A la vérité, je n'ai pas pu en faire le compte exact tellement la firme est prolifique !

Les membres de son équipe d’ingénieurs se lancent dans la conception d’un monomoteur monoplan amphibie entièrement métallique, qui va être le pilier de base de la conception des suivants et notamment du SEV-3.





















...qui donnera suite à la version terrestre, le SEV-3XAR à l'automne 1934









Le biplace expérimental 2XP X18Y


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Le biplace BT 18


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Puis le SEV -1XP- X18Y, qui va ouvrir la voie au Racer A7 lui-même précurseur de la version militarisée, le futur P-35.


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Sur la base du P-35, apparait aussi le proto d'une version bi-place avec mitrailleuse de défense qui me fait penser au SNJ!






Au final, le SV-3 est le précurseur d'une famille d'avions de conception similaire, qui aboutit au racer qu’il projette et le 1XP X 18Y voit apparaitre une transformation fondamentale, le « train d’atterrissage rentrant » qui permet de réduire la trainé induite par les énormes pantalons des trains fixes.


Le suivant est le  SEV S1 – AP7, l’avion des records de vitesse !
Alexander de Seversky aux commandes lors de la préparation d'une course en 1938





La prochaine étape traitera de la première phase du montage du P-35 de l'USAAC.

Je reprendrai le cours historique de l'épopée Seversky avec les courses de vitesse....

@+ Serge

jdmax a écrit:

Salut Serge,

Effectivement au 32 on en vois pas dans les expositions.. Faut dire que vu le contenu beaucoup ont refermés la boite
elle fait aussi partie de ma petite collection Williams Bros

Bonne suite

Ouais, ben ça Jérôme, c'est parce qu'ils ont pris de mauvaises habitudes avec les trucs qui se montent tout seul!

Strato51 a écrit:

jdmax a écrit:

Salut Serge,

Effectivement au 32 on en vois pas dans les expositions.. Faut dire que vu le contenu beaucoup ont refermés la boite
elle fait aussi partie de ma petite collection Williams Bros

Bonne suite

Ouais, ben ça Jérôme, c'est parce qu'ils ont pris de mauvaises habitudes avec les trucs qui se montent tout seul!

Entièrement d'accord
Voilà une introduction captivante dont son auteur sait ménager le suspense...

pour cet intéressant exposé sur un sujet rarement abordé, la société Seversky a sans doute légué beaucoup d'innovations technologiques malgré sa courte existence.

C'est super intéressant comme d'habitude Serge. Merci pour ces rappels..

Bon montage..

Merci JP et JC  

FW190Dora a écrit:

pour cet intéressant exposé sur un sujet rarement abordé, la société Seversky a sans doute légué beaucoup d'innovations technologiques malgré sa courte existence.

Effectivement les brevets d'Alexander étaient en avance et l'équipe d'ingénieurs de Seversky a incontestablement fait preuve d'une grande ingéniosité d'innovation, ce qui a certainement beaucoup servi pendant un temps aux développements aéronautiques (y compris de la concurrence!).

MONTAGE DU P-35 USAAC

Les formes générales sont justes, mais les retassures, les bavures, le moulage d’ensemble minimaliste et le niveau de détail quasi inexistant nécessitent un peu d’intervention personnelle. Voici quelques modifications tenant compte de mon projet final d’un avion quasi épave sur Nichols Field, la veille de l’attaque japonaise de Luzon.

Recherches plans détaillés désespérément !

Avant les travaux de « chirurgie lourde », j’ai préparé les surfaces afin d'y recevoir les nouvelles lignes de structure en creux et les innombrables lignes de rivets…et sur le P-35, vous allez voir, il n’en manque pas.  

Mais pour y parvenir il faut des plans détaillés précis et fiables sur lesquels s'appuyer, or malgré mes recherches, je n’en ai pas trouvé. On trouve des silhouettes aux contours justes, mais rarement les deux profils (le gauche est le plus dessiné, pourquoi  ?) et quasiment jamais l'intrados, mais jamais avec les lignes de rivets!

Do it yourself

J’ai donc décidé de me pencher sérieusement sur la question et j'ai fini par les dessiner moi-même.
La base des recherches a été de collecter un maximum de photos d’époque et de restaurations afin d'en faire la synthèse et réaliser mes propres planches.
Elles ne sont certainement pas parfaites "au rivet près" (qu'est ce qui l'est ???), mais il s’agit je pense des plans détaillés les plus aboutis actuellement en matière de représentation du rivetage du P-35.


Droit de copie

Afin de protéger mes droits d'auteur des parutions pirates à caractère commercial, j'avais  déposé un copyright, mais je les laisse libre à convenance aux membres de Scalemodel, pour une utilisation strictement personnelle.






















Après un ponçage à la paille de fer 00 pour mater les surfaces, je trace au crayon fin les futures lignes à graver puis j’officie à l’aide d’une réglette et de bandes adhésives pour pince type Dymo avec l’outil à gravure et les roulettes Rosie. Faut le faire  















Parmi bien d'autres, quelques photos de détail sur lesquelles j'ai travaillé:


























Cette boite Williams Bros a été acquise sur le marché de l’occasion et à postériori, elle s'est avérée incomplète. A l'exception du carter c'est tout le moteur qui fait défaut. Il manque aussi l'hélice et l'habitacle dans son ensemble
J'ai trouvé une autre boite d'occasion, complète cette fois, ce qui m'a permis de recopier et d'améliorer les pièces absentes en scratch. L'hélice est issue de mes boites à rabiot (celle du P-40 Revell Vintage, retravaillée).

A l'aide de carte plastique d'épaisseurs différentes, je vais refaire tout l'intérieur de l'habitacle... mais aussi l'améliorer un peu.













Les parois du fuselage reçoivent des cadres et des lisses.














J'ai prélevé le panneau de visite du compartiment radio, à gauche du fuselage et réduit drastiquement son épaisseur.






Essais de positionnement des pièces en scratch























Le tableau de bord est constitué de deux panneaux séparés.

Belle photo d'époque du principal.






Vue plongeante d'époque à l'intérieur de l'avion, siège déposé; le tout était couleur alu.






Clichés de détail du seul P-35 survivant.










Comme d'habitude je vais dessiner les instruments à l'échelle puis les imprimer en double exemplaire.





A l'aide d'un emporte pièce j'élimine les instruments, puis je glisse une feuille transparente en sandwich entre l'autre planche complète. Les instruments semblent sous verre et en général ça donne de bons résultats   (là j'ai pas de photos exploitables, mais vous pourrez voir ce que ça donne en consultant d'autres montages sur mon site dédié!)

Nota: Désolé, les photos en cours de montage sont bien antérieures à la finalisation de la réplique et souvent de mauvaise qualité. A l'époque je ne m'étais pas doté du matériel de prise de vues que j'utilise à présent.






J'ai bidouillé un siège et son harnais.










Après avoir doté les parois du fuselage des tringleries, manettes et câbles divers, j'ai refermé la carlingue, non sans avoir découpé l'avant car j'ai prévu de déposer les panneaux latéraux afin de laisser apparaitre le moteur à venir à l'instar de ces clichés

















On voit bien l'épaisseur du moulage en short run de l'époque.





Avant d'entreprendre la fabrication du nouvel avant de fuselage, j'ai créé la cloison pare feu.





Puis, en farfouillant dans "mes trésors à rabiot", j'ai retrouvé des cylindres acceptables antérieurement moulés en résine. Une fois mis en place sur le carter disponible, j'ai ajouté les fils de bougies, les câbles de rappel et j'ai centré provisoirement le groupe motopropulseur sur la cloison pare feu à l'aide d'une tige en métal.






Ensuite, j'ai longtemps travaillé sur la fabrication de l'avant de l'avion et de ses capots.


























Essais de positionnement du moteur dans le nez de l'avion: ça s'est pas fait tout seul!












A l'issu le moteur peint et patiné à sa place définitive.









Et le capot en place; on remarque les volets d'aération refaits en carte plastique fine.





Voilà pour la mise en bouche... Merci de me lire et à plus pour la suite des aventures d'Alexander de Seversky !

Serge

Tout simplement IMPRESSIONNANT
A des années lumières de ce que j'avais prévu et surtout sais faire
Il va me rester le puzzle ou éventuellement le macramé...

toujours aussi passionnant à suivre, en plus le texte est très clair et facile à lire!

Un travail de dingue.
J'ai du mal à imaginer combien d'heures de recherche de plans, photos etc, cela peut représenter?

JC a écrit:

Tout simplement IMPRESSIONNANT
A des années lumières de ce que j'avais prévu et surtout sais faire
Il va me rester le puzzle ou éventuellement le macramé...

Je comprends JC, mais chacun "maquettise comme il veut ou peut!" l'essentiel c'est de se faire plaisir.

Moi, je suis totalement incapable de monter une maquette sans la transformer d'une manière ou d'une autre, voire de créer un avion qui me plait et qu'aucun fabricant n'a commis à mes échelles de prédilection. C'est pourquoi ici, on m'a aimablement élevé au rang de Psychoscratcheur!

Ceci étant, si le P-35 de Williams Bros nécessite quelques aménagements, tu parviendras à lui restituer le look qu'il mérite, sans mettre la barre trop haut. C'est valable aussi sur certaines productions en Short Run, (même des récentes) de Azur ou Special Hobby, pour ne citer qu'elles.

Si je peux me permettre de te conseiller, il est toujours judicieux de réduire l'épaisseur des bords de fuite des ailes, des gouvernes et des pantalons de train et aussi les pales d'hélice. Un p'tit coup de lame pour séparer les extrémités des gouvernes lorsqu'elle sont solidaires du reste du moulage est une bonne chose. Un avion a besoin de ses ailerons et gouvernes de profondeur et de direction pour s'envoyer en l'air ! Ce sont des éléments très visibles qui font vraiment la différence lorsqu'ils sont bien traités; c'est la base pour dynamiser une maquette trop "statique", il suffit d'observer les photos des vrais "navions"!

Une lame de cutter (large pour les grandes surfaces) utilisée à plat enlève de la matière peu à peu. On commence par l'intérieur puis on fignole au ponçage par l'extérieur.
Les lignes de rivets sont souvent oubliées par les fabricants et là aussi, c'est un travail de patience qui fait une sacré différence (la patience c'est bien la base du maquettiste ou tout au moins ça devrait l'être non?)

Un exemple de ce que tu peux obtenir :








Prends ton temps....

Amicalement
Serge

bruno31 a écrit:

Un travail de dingue.
J'ai du mal a imaginer combien d'heures de recherche de plans, photos etc. cela peut représenter ?

Hello Bruno,

Ben moi non plus, je sais pas combien de temps ça me prend. A ce niveau je ne compte pas!

Mais j'apprécie cette question parce qu'elle prouve à l'évidence que les maquettistes qui prennent un peu de temps pour me lire ( combien "dans le tas des Scalemodélistes ??? ) et dont tu fais parti, constatent que "les recherches historiques, les recoupements des pièces d'archive, le choix et le classement des photos, les explications des montages associés, enfin tout ce qui fait "un travail accompli d'auteur" n'est pas anodin!  

Je sais que la lecture de textes en bandeau est rébarbative et ne s'applique pas bien aux forums qui ne sont pas faits pour ça, c'est pourquoi j'essaie (en toute humilité) de proposer à Scalemodel des études historiques circonstanciées, non magistrales, avec anecdotes, schémas, photos et des montages explicatifs à destination de tous les niveaux.

J'avais fait un sondage sur le forum et les réponses obtenues alors m'ont amené à poursuivre dans cette direction.

Merci à toi et à tous ceux qui "apprécient mes études"!  

Serge

Le temps des records

On ne peut passer outre sur la période des courses de vitesse qui bénéficient d’un véritable engouement du public (il y a beaucoup d'accidents) et qui au final, va amener de Seversky à modifier son racer en chasseur.

(Pour information, je vous renvoie sur l’étude circonstanciée : "Le TwinBee ou l’invraisemblable histoire du racer raté" qui traite de la saga des frères Grandville sur fond de courses, avec une belle surprise au final !

De Seversky et son équipe s'impliquent donc sérieusement.
La conception révolutionnaire pour l’époque de son prototype à train rentrant, hélice à pas variable et volets hypersustentateurs et des avions suivants, va permettre d’établir de nombreux records de vitesse lors des courses aériennes nationales de 1935 à 1939.
En tant que pilote, Alexander de Seversky ne laisse pas sa place: le 15 septembre 1935, volant à une vitesse légèrement supérieure à 230 mph, (370.149 km/h) il établit un record mondial de vitesse pour les avions amphibies.


En 1937 avec le SEV-S1, il établit aussi un record de vitesse transcontinental de New York à La Havane, soit 1350 miles en 5 heures, 3 minutes, 5 secondes.

En costume pour la presse






La même année, le SEV-S2 est engagé dans plusieurs courses nationales et obtient des succès dans la « Bendix Trophy » avec Frank Sinclair et Frank Fuller qui le remporte à une vitesse moyenne de 415,51 km/h.

Frank Sinclair




Frank Fuller dans le cockpit avant son décollage





L'avion sur lequel il s'entraine: tout alu et chiffre 77 en noir






Le même repeint tout en vert...et après son atterrissage où il vient de remporter le Trophée.






Le fameux « Jimmy » Doolittle  concours aussi aux commandes du SEV-DS.










... et il remporte aussi le Bendix Trophée!





Jaqueline Cochran, pilote New Yorkaise de 26 ans, détient déjà des records de vitesse et de durée. En 1938, elle emporte également la « Bendix Trophy » avec le SEV-AP-7A en établissant un nouveau record du monde de vitesse.






Discussions entre Alexander et Jackie auprès du AP-7A











Devant son nouvel avion. On remarque que cette version possède un accès vitré sur le côté droit du fuselage qui sera conservé dans la série militarisée SP-35A. On observe aussi la modification de la cinématique du train d'atterrissage qui réduit le cx (la trainée parasite) et qu'on va retrouver dans le P-43 Lancer puis son successeur le P-47 Thunderbolt.






Jackie peint elle-même son chiffre fétiche 13 sur le fuselage!









...et ça lui porte chance!






Vincent Bendix félicite Jackie Cochran pour sa belle victoire.







Fin d’une époque et retour aux problèmes pour la Seversky inc !

La guerre a commencé dans le pacifique avec les ambitions japonaises et elle ne va tarder à envahir l'Europe.
Les courses ne sont plus à la mode et cessent provisoirement d'exister. Beaucoup de pilotes rejoignent l'US Army Air Corps.

Sous l'insistance de A. Kartvely, son ingénieur en chef, Alexandre de Seversky va utiliser les résultats obtenus dans la Bendix Trophy pour transformer son racer en chasseur et trouver les débouchés financiers qui commencent sérieusement à faire défaut... mais ça ne va pas se passer comme il le prévoyait !


...à suivre

Revenons à la maquette :

Après avoir affiné les bords de fuite,  j’ai pensé qu’il serait judicieux de sortir les volets. Je le fais en général sur mes modèles, ça procure une dynamique très intéressante.
Donc : cutter, découpe, ajout des raidisseurs découpés en pointes dans des segments de carte plastique fine





Ceux-ci sont ceux du biplace Seversky AT-12 « Guardsman » (presque similaires à ceux du P-35).






Autres raidisseurs en intrados des ailes puis découpe les 30 trappes de visite dans de la carte fine et les colle en place.
J’aime bien le rendu qui me permet au final de jouer avec le relief obtenu lors de la mise en peinture et de la patine
J’en profite pour affiner sérieusement les lèvres des baies de train d’atterrissage et j’ajoute des éléments en métal souple pour occulter les parties totalement vide.





Idem sur les parois internes et externes où règne presque le vide sidéral!










L’assemblage des ailes au fuselage ne pose pas de problème particulier. Il faut quand même s’assurer du respect du dièdre (voir le plan de face, plus haut).

... et cette excellente photo prise sur la base aérienne de Langley en 1939. Il s'agit d'un des premiers P-35 de série livré à l'USAAC. On voit bien le dièdre à obtenir sur la maquette et "cerise sur le gâteau" les volets sont sortis, configuration plutôt rare !








L’orifice apparent dû à la découpe est comblé avec de la carte plastique et aménagé avec des raidisseurs complémentaires










Les volets sont collés en place en position ¾ abaissés





3 bandes de carte plastique sont ajoutées sous le fuselage






Le capot est mis en place










Puis c’est le tour du train d’atterrissage en partie refait, dont on remarque que les lèvres des pantalons ont été bien désépaissies.





Sur le vrai avion, c’est fin










Les gouvernes de profondeur sont solidaires des plans fixes. Là aussi afin d’apporter un peu de dynamisme, je les sépare.
Je les fixerai à l’aide de segments en cuivre, ce qui va permettre de varier leurs positions à la demande.
Je n’oublie pas de donner un petit coup de scie aux compensateurs qui sont aussi des éléments mobiles d’un avion.






La roulette de queue ne ressemble à peu près à rien !
Plutôt que la charcuter avec certainement à la clé un résultat approximatif, je préfère en confectionner une en scratch.
On peut faire ça avec un segment de trombone, du tube creux et de la carte plastique par exemple. La roulette est une roue au 1/48 de je ne sais plus quel avion (faut toujours conserver dans les boites à rabiot).





Les plans fixes horizontaux et leurs gouvernes en position abaissée et le train arrière avec ses trappes en scratch.






Un petit rappel pour visualiser que les gouvernes des avions ne doivent pas être solidaires des infrastructures sur lesquelles elles sont fixées.

Ici les ailerons






Là, c’est trop?





Au niveau du placement des mitrailleuses d’ailes, j’ai ajouté du métal alimentaire collé à la cyanoacrylate. Sur l'aile, on distingue bien à présent la gravure symétrique des lignes de rivets.






Mise en couleurs


L’avion que j’ai choisi de représenter est la réplique d’un de ceux stationnés à Luzon, 3 jours avant l’attaque nippone.
Il a déjà beaucoup servi dans des opérations contre l’aviation navale japonaise et il est en situation «R, c'est-à-dire plus bon de vol».
Il fait partie du premier contingent arrivé sur place et s’est retrouvé à l’état d’épave, servant à la «cannibalisation» comme bien d’autres P35.






Les parties à ne pas peindre sont occultées. Le styrène est dégraissé au white spirit, on peut aussi utiliser l’essence F avec parcimonie.
Restant fidèle aux cellulosiques, je passe un voile noir satiné de Humbrol sur l’ensemble de l’avion.














J’ai modifié le dossier blindé et l’appui tête qui ne me convenaient pas.





L’intérieur des volets a reçu un primer «zinc chromate» sur lequel je repasserai plus tard.






Phase suivante c’est un voile aluminium qui recouvre aussi toute la «bête».
On distingue alors toutes les gravures patiemment réalisées, sur lesquelles je vais m’appuyer pour les effets de patine.





















A ce stade on va attendre quelques jours pour un séchage efficace (en Enamel l'aluminium prend son temps) puis un léger voile de vernis satiné pour assurer la fixation.


Passons à l'intrados qui reçoit deux couches légères de neutral grey.














Pour finir, un mot sur l'hélice: comme indiqué c'est celle du P-40 Revell Vintage une Hamilton Standard de mêmes dimensions. J'ai donné un petit coup de ponçage pour affiner les pieds de pale et rectifier la forme des saumons.
Dépourvu de casserole, l'axe de l'hélice va nécessiter quelques détails fort visibles!





J'ai creusé un morceau de grappe étiré à chaud et j'ai fixé le gros écrou de serrage en son centre (découpé dans du métal alimentaire), puis j'ai créé et positionné les masselottes d'équilibrage.






La mise en peinture des éléments annexes se fait sur des cure dents où ils sont provisoirement fixés à l'aide de patafix ou d'une mini goutte de cyanoacrylate.









La prochaine étape, concernera la mise en peinture finale et "la découverte de l'épave"!


Serge

Ça y est, j'ai compris pourquoi on te surnommait PsychoScratcheur

Oh quel montage de dingue!!!!

C'est merveilleux, comme d'habitude...

JC a écrit:

Ça y est, j'ai compris pourquoi on te surnommait PsychoScratcheur

Sur Scale, on me nomme encore et toujours comme ça

L'épave!

Le premier contingent de P-35 débarque aux Philippines dans leurs belles robes aluminium flambant neuves.

On se dépêche de les recouvrir d'olive drab et neutral grey sur zone, avec "les moyens du bord" et sans aucune préparation: pas de primer pas de produit anti corrosion....
Les conditions climatiques sur l'île sont telles que le revêtement de peinture va vite être attaqué par les champignons
et il s'écaille par plaques entières.
Ces avions ne vont pas durer longtemps en opération. Lorsque ceux retirés de la commande Suédoise pour cause d'embargo vont arriver, ils serviront de réserve de pièces.

Quelques informations sur la patine et les marquages:

Les écaillages sont obtenus par arrachage à l'adhésif. Les marquages blancs ainsi que l'anneau de capot sont blanc "cassé" par l'apport d'un lavis sépia clair très dilué.

Hormis le code 29 4MP sur le plan fixe vertical et le rappel du chiffre 29 en noir sur le capot, tous les marquages (stencils, lettres et cocardes) sont des créations personnelles.
Après les salissures et les effets de vieillissement, les surfaces sont recouvertes d'un voile de vernis semi mat (mix avec du satiné).


Sur ce modèle, les éléments vitrés sont traités à part puis mis en place en dernier lieu





Avant la pose du pare brise, celle du collimateur circulaire découpé dans un morceau de rhodoïd,  






Destiné à un diorama, j'avais projeté de présenter l'aileron gauche en cours de cannibalisation









Puis j'ai changé d'avis et l'ai remis en place.
En intrados, les trappes de visite en léger relief sont une excellente base de salissures


















La verrière en place, peinte à l'aide des traditionnels pochoirs découpés dans de l'adhésif type "frisket"










Panneaux de capot au sol, bougies prélevées avec leurs fils qui pendent, pneu crevé, trappe du compartiment radio ne tenant plus que par une vis et gouvernail de profondeur endommagé, on a quand même inscrit sur le fuselage: "NOT TO BE FLOWN" ...au cas où on aurait pas vu que c'était une épave!














Le Harfang des Neiges, l'emblème du 17th Pursuit Squadron
On note la complexité du positionnement des fils de la VHF!












Voilà en ce qui concerne ce premier modèle de P-35. Si vous n'en avez pas assez  je vous propose les deux autres!



La suite avec la reprise de la saga.....

Hello Serge,

Tu ne vas pas mettre cette épave dans ta vitrine !

Si ???

Mais t'es vraiment un Grand Malade !!!

C'est vrai que, il faut le dire, elle est rudement belle cette épave, mais quand même ...

En ce qui me concerne, je suis partant pour les deux autres

Ah oui, j'allais oublier : Félicitations