Thonier (dundée) de Groix - Le "Mimosa" - 1/50 (kit Soclaine)

Hello tout le monde !

Je découvre la rubrique "Mer" de Scale notamment grâce à ph56 (Philippe ? Je ne connais pas ton prénom, désolé ) et je me dis que peut-être un montage "bois" peut vous intéresser ?? Je suis par ailleurs très fier d'être du coup le 1er et donc à ce jour, le seul et unique posteur dans cette rubrique "Mer - Réalisations civiles"  

Il y a 30 ans, j'avais déjà touché à ce maquettisme avec cette bisquine au 1/50 :

Un peu marre du plastique et de l'alu en ce moment, envie de redécouvrir le bois (une sensation totalement différente ... un tout autre maquettisme !) et prendre un bol d'air du grand large , je me relance sur un grand "classique" pour débutant : un thonier de l'île de Groix au 1/50, kit Soclaine (sur une base de Gérard Schmitt ... pour ceux qui connaissent) :


Le bateau proposé (le "Saint-Gildas") courant un peu trop les rues des forums (je ne suis même pas certain que ce thonier ait réellement existé), je me propose de réaliser un autre thonier de Groix, le "Mimosa" ...


... construit en 1935 aux Sables d'Olonne et immatriculé GX.3933 pour l'armateur Clément-Marie Tonnerre et Cie et désarmé en 1956.

Son équipage de 7 marins-pêcheurs se composait de Clément Tonnerre (patron), Joseph Gouronc, Adolphe Tonnerre, Joseph Adam, Arthur Tonnerre, Laurent Raude, Clément Gueran (mousse). Fin régatier, Clément Tonnerre a remporté 4 des 5 régates que se livraient les bateaux de pêche : 1936, 1937, 1938, 1947 et 1948 !


Vendu en 1956, le "Mimosa" est amarré au quai de Port-Louis à Lorient pour y devenir une crêperie jusqu'en 1972. Revendu en août 1972 à Pierre Lamarche, un amoureux du patrimoine maritime, il est armé en plaisance. En mars 1973, Pierre Lamarche le rétrocède au Musée de la Marine de Port-Louis : amarré dans l'enceinte de l'arsenal de Lorient, il est malheureusement "oublié" et abandonné ... Faute de moyens (ou de volonté) pour le remettre en état, le "Mimosa" est détruit en 1976.

Jauge brute: 54,35 tonneaux
Jauge nette: 47,20 tonneaux
Longueur totale: 22m
Longueur : 17,21m
Largeur: 6,74m
Creux: 2,90m

Et comme à mon habitude avec les avions et les pilotes, deux mots d'histoire en espérant que ça ne vous saoule pas bande d'avionneux !!


L’origine de la pêche au thon germon à l’aide de bateaux est très mal connue, mais semble ancienne.

Les bancs de thons remontant l’Atlantique devant les côtes françaises entre juin et octobre, cette pêche est restée très longtemps une activité annexe des pêcheurs de la côte atlantique. Au milieu du XIXe siècle, les pêcheurs vendéens et bretons (de Groix à Camaret) utilisaient leurs chaloupes sardinières et leurs chasse-marées qu’ils armaient au thon durant la saison, en gréant des lignes de traîne.

Ces bateaux, de petite taille, étaient initialement conçus pour une pêche côtière et étaient mal préparés à supporter un éventuel gros temps (les marins devaient pouvoir très rapidement rejoindre leurs ports dès que le vent forcissait). Ces chaloupes possédaient des qualités de solidité, mais aussi des défauts tels les longues quilles impropres aux manœuvres rapides.

Dans les années 1880 un nouveau type de bateau fit son apparition, le "dandy" surnommé ainsi par les Anglais qui le trouvaient très élégant, rapidement francisé en "dundée" ou "dundee" (prononcer « dindé »).

Il semble que le dundee fut inventé en août 1883 par le patron de la chaloupe sardinière "Jeune Sidonie", Pierre Baron, qui chavira et démâta dans le raz de Sein. Fort de cette tragique expérience, Baron eut alors l'idée de transformer sa chaloupe en un bateau plus maniable, ponté et dont la coque était pourvue d'une voûte longue et basse qui donnait une flottaison et donc une vitesse plus grande (pour un prix identique).

Ce nouveau gréement s'imposa rapidement dans la flottille de pêche et provoqua une évolution des coques qui passèrent d'environ 8 à 10 tonneaux à 30 ou 35 tonneaux et jusqu'à 60 tonneaux à Groix. Les principaux chantiers de construction de dundees furent ceux des Sables-d'Olonne (qui produisaient les coques les plus légères, les plus rapides et les meilleur marché) et ceux de Concarneau, Douarnenez, Pont-Lorois, Lorient, Camaret (qui produisaient des bateaux plus lourds et plus solides).

En 1930, une tempête décima la flottille : de nombreux dundees coulèrent corps et biens, submergés par l'arrière trop bas ou la voûte disloquée par les vagues.

Un nouveau type d'arrière, dit en « c¨l de poule » ou « canoë », fut alors mis au point pour rendre le bateau plus marin et permettre l'installation des premiers moteurs, qui allaient à leur tour entraîner la réduction puis la disparition du gréement.

Le dundee est gréé comme un "cotre à tapecul" (ou plus correctement de type "yawl"), c'est-à-dire avec deux mâts : le grand-mât central à pible (c’est-à-dire fait d'une seule pièce) et un mât d'artimon en bout de pont arrière (le tapecul). A proprement parler, la voile de tapecul n'a pas de fonction de propulsion, mais permet d'équilibrer les gréements auriques ou marconis implantés généralement avec un bout-dehors (beaupré) important, surdimensionnant le triangle avant. Placée derrière l'axe du gouvernail, elle favorise également les virement de bord rapides.

Sur le mât principal, la grand-voile est une voile à corne qui peut être surmontée par une flèche. La caractéristique principale du dundee, qui le différencie des autres cotres à tapecul, est la présence d'une queue de malet sur le mât d'artimon, en lieu et place d'une bôme pivotant autour du mât, pour régler l'écoute de voile arrière. Vers l'avant, un ou deux focs complétaient l'ensemble de la voilure.

L'ensemble peut jauger de 50 à 60 tonneaux, mené par un équipage d'une quinzaine d'hommes. Lors de leurs sorties pour la sardine (l'activité principale), les pêcheurs savaient repérer très vite, parfois dès la sortie du port, la présence de thons à des indices tels que le bouillonnement de la surface de l'eau (mouvements rapides des thons), le "claquement" du sillage des thons dans les vagues ou encore l'impression d'une tâche d'huile sur l'eau (les bancs de thons sont si serrés en surface qu'ils freinent le clapot de la mer). Immédiatement, les deux tangons gréés chacun de sept lignes étaient abaissés, le bateau devant se placer à une allure de 5 à 7 nœuds, condition indispensable pour la pêche aux thons germons.

À partir de 1905, le thonier dundée acquiert définitivement sa forme élancée caractéristique en même temps que sa notoriété, et deviendra jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale le symbole de la pêche à voile. Après guerre, la motorisation va vite s’imposer et envoyer au cimetière maritime ces élégants voiliers. La motorisation, ainsi que l’épuisement des bancs du golfe de Gascogne, va aussi industrialiser la pêche au thon, amenant aux gros thoniers-senneurs-congélateurs modernes lançant leurs sennes durant 2 mois au large des côtes africaines, pouvant embarquer 500 tonnes de thon dans leurs cuves, avec un équipage d’une vingtaine de marins.

Au début des années 30 on dénombrait plus de 870 thoniers en Bretagne ... il n'en reste plus qu'un seul, le "Biche", basé à Lorient, construit aux Sables d'Olonne en 1934 par le chantier d'Aimé Chauffeteau, pour le patron Ange Stéphan de l'Ile de Groix, surnommé « Ange-Biche ». Le "Biche" fut totalement restauré entre 2009 et 2012 et propose des séjours de navigation ou de pêche : http://www.lebiche.com/


Caractéristiques les plus courantes :
Longueur de la coque: 19,30 m
Longueur hors tout : 28,50 m
Largeur au maître beau: 5,70m
Tirant d'eau : 3,50m

Dans quelques instants, les principales étapes déjà franchies de ce chantier ouvert depuis un peu plus d'une semaine !

Bon montage !
La mer c'est bien et tu animes la rubrique ça fait plaisir !

Hello Erik,

J'ai mon ciré, mon carnet de chants à virer et un baril de taffia, suis paré à la manoeuvre

Bon montage

Abbygaëlle a écrit:

Bon montage !
La mer c'est bien et tu animes la rubrique ça fait plaisir !

Hello ! Je ne sais pas si je vais "animer" cette rubrique parce que mon truc, ça reste quand même les avions ! Et mon rythme sur les maquettes en bois ... c'est une tous les 30 ans Mais bon, j'inaugure cette rubrique, c'est vrai

Alors un "résumé" de mon travail depuis 9 jours (ouverture du chantier le 20 juin) :

Le plan de travail :

Les notices :

L'installation de l'axe central (quille) :


La préparation des couples, qui ont été chanfreinés (juste après cette photo) vers la proue et vers la poupe à partir du maitre couple (n°6) pour faciliter le bordage :


Début de travail :

Fin de la pose des couples et futur passage du mât renforcé :


Pose d'un renfort (non collé !!) sur l'étrave pour bien caler les virures à venir :


Biseautage des virures sur le bon angle :


Elles ont ensuite été longuement laissées à tremper dans de l'eau chaude (l’alcool à brûler est possible aussi ... mais s'évapore !).

Pose de la première virure au ras du pavois :

Ici, je fais au plus simple ... les virures sont épinglées sur les couples puisque par la suite, ça sera une coque poncée, mastiquée, lisse et peinte ! Cette méthode n'est pas bonne sur les vieux gréements (style XVIIe-XIXe siècles) où la beauté de la maquette réside notamment dans une belle coque en bois verni avec les virures apparentes : là, il faut impérativement éviter ce type d'éplingage qui laisse des traces dans le bois, il vaut mieux utiliser des petites punaises de bureau avec un épaulement qu'on plante dans les couples mais pas dans les virures. De la même façon, je ne me soucie pas trop ici de l'effet "marche d'escalier" entre les virures (dû à la double torsion des virures en peuplier vers la proue et vers la poupe qu'il faudrait systématiquement effiler ou encore "brocheter") puisque tout sera poncé ! Dans l'absolu, il faudrait aussi biseauter les virures vers l'intérieur pour un assemblage parfait :


Commentaire d'un copain (Fred P. sur le forum http://www.laroyale-modelisme.net/forum) :

Citation :

Les lattes de bois sont plus faciles à courber dans le sens de leur épaisseur la plus faible. Si on essaie de la courber aussi dans le sens de sa largeur, elle résiste beaucoup et si elle ne prend pas la bonne forme elle va se soulever des couples sur l'intérieur du virage, ce qui provoquera une marche avec la virure suivante. Pour éviter cela, soit on force la latte pour bien la plaquer, en la mettant en forme à chaud, à la vapeur, etc., soit on évite de la courber sur sa largeur et on gère le chevauchement ou l'écartement en diminuant ou augmentant la largeur de la latte.

Poseidon690 a écrit:

Hello Erik,

J'ai mon ciré, mon carnet de chants à virer et un baril de taffia, suis paré à la manoeuvre

Bon montage

Parfait Thierry !! On embarque

Suite lente et patiente jusqu'à la limite de torsion du peuplier vers la poupe (5 virures complètes) :


A partir de là, je suis reparti sur un bordage à partir de la quille :


La zone des virures à biseauter :


Fin du bordage :


Et début du premier ponçage grossier (150/180) sur une demi-coque pour faire disparaître les marches d'escalier :

Suite du ponçage et mise en place des blocs de balsa du tapecul :


Façonnage du tapecul et début de bordage du pavois (3 virures) :


Tableau arrière collé :

Et à cette étape du montage, j'ai été finalement très peu satisfait de cette manie des kits "marins" de proposer la solution de facilité des blocs de balsa sur les zones les plus "tordues" d'un bateau ... il vaut mieux tenter le bordage jusqu'au tableau arrière !

Impossible à rattraper sur une coque "bois nu" mais là sur mon montage "bois peint", ça se tentait !

Introduction sur ce chantier de quelques acquis du maquettisme aérien notamment le "Perfect Putty" de Deluxe (ce qui apparait en blanc) :


Ponçage du grain 150 au grain 1200 (non, je n'irai pas jusqu'au micromesh), le bois brille !

Grosso modo, j'en suis là au bout de 9 jours, une demi-coque prête ... je suis en train de faire la même chose du côté tribord !

C'est bien d'inaugurer cette rubrique, j'ai le même en boite depuis des années, mais pas le temps de le faire. J'attends la retraite !!!
Je vais donc suivre avec attention ton montage et apprendre.
Je n'ai pas de tafia,  mais demande quand même l'autorisation de monter à bord
beau travail effectué en si peu de temps.

Philippe

Philippe !! C'est toi qui m'a envoyé sur cette rubrique toute vide du forum Embarque même si tu n'as pas de tafia (cela dit, s'il y a du rhum ou du whisky chez toi ... tu peux aussi, hein ? )

Suite des travaux ... l'autre demi-coque prête à son tour :


et emprunt au maquettisme "avions", passage de surfacer 1200 à la fois pour peaufiner le ponçage et empêcher le bois de boire la peinture acrylique !


A mon niveau de maquettisme "marin", la coque me convient assez comme ça ... ça reste un bateau de pêche, ce n'est pas un régatier !

Détermination de la ligne de flottaison :


Pas de trusquin, méthode ultra-simple : report sur la coque avec le plan des repères de ligne puis trempage dans de l'eau (avec un niveau à bulle à bord pour ne pas le faire basculer plus sur un flanc qu'un autre !) jusqu’au niveau des 2 repères ... et traçage au crayon de la zone mouillée !

Et mise en peinture de la quille à l'aéro (Tam X-18 semi gloss black) :

Démoulage :


Ça me va ! Je ne suis pas un puriste sur les bateaux

Hello Erik,

Beau travail tout ça

Pour la ligne de flottaison, bien vue la méthode "hors trusquin". Tu peux aussi utiliser la méthode du dictionnaire : Tu cales un crayon entre les pages du dico, à la hauteur désirée et tu réalises ton traçage ... Le réglage est précis à l'épaisseur de page près !

Il n'empêche que j'ai l'impression que la dite ligne plonge au niveau de la proue. Mais c'est peut être la visu de la photo qui fait cet effet. Si tu penses que c'est correct, tu es quand même le mieux placé

Hello Erik
Beau montage et un grand plaisir de voir sur ce forum un hobby que j'ai pratiqué quelques années
avant de revenir au plastique avec des ailes...
Ton historique est vraiment très agréable à lire et très instructive
Ces coques sont vraiment très élégantes et justifient amplement leur nom
Merci pour le plaisir que tu nous offres avec ce modèle

Merci Cutty !! Relance-toi sur un bateau "bois" ... c'est un bol d'air au milieu des ailes de temps en temps !

@ Thierry : la ligne de flottaison plonge vers la proue effectivement !

Salut Eric,

je suis impressionné par ton travail sur la coque dont j'ai pris bonne note pour mon Hermione.

bonne suite à toi ;)

... Longtemps que je ne t'ai pas croisé !! (ps : ça y est, on lance notre club de maquettistes parisien "Camo75" en septembre ... si ça t'intéresse, envoie-moi un MP)

Suite du travail sur ce thonier :

1ère partie de la peinture de la coque (le noir et le blanc) achevée ...


... teintes utilisées (à l'aéro bien sûr !) : noir Tam X-18 et blanc Hobby H11 puis pour les protéger, 3 voiles de "Lucky Varnish" (Ammo Mig) satin !


Les jambettes (provisoires) des couples ont été arasées et le pavois repeint en bleu "maison" (à base de RLM65, si, si !)


Le safran m'a demandé plusieurs heures : ponçage pour lui donner son profil, ferrures à encastrer dans le bois, perçage de la coque (pas totalement  ), montage ... l'accastillage fourni par le kit est affreux : de très vilaines pièces en fer blanc (à repeindre à tout prix !), assez grossières (vivement qu'Eduard s'intéresse au "marin" aussi !) 

Belle peinture Erik !!!!

Philippe a écrit:

Belle peinture Erik !!!!

canard !! Tiens, tu es "général" par ici ?

Le dundee est en bigoudis (collage des préceintes) !!

Des bigoudis pour une Bougoudène ???
Oui, Il parait que je suis bavard !!!!!

Philippe a écrit:

Des bigoudis pour une Bougoudène ???
Oui, Il parait que je suis bavard !!!!!

Bougoudène ??

Oups !!! Bi, elles sont deux !!!!!

Plus beaucoup de photos mais le travail a avancé ! Préceinte posée, listons ok (posés différemment que sur le "St-Gildas") et peinture faite (vert Tam XF-5) :


Les immatriculations ont bien sûr été refaites "maison" :


Tous les perçages de coque avaient été faits avant peinture : proue tribord, les 2 évacuations d'eau à l'arrière (oubliées sur le plan du kit) et bien sûr, le passage de l'écubier (remontée de l'ancre) !

Toute la coque a été vernie à l'aéro au "Lucky Varnish Satin" d'AMMO (mig jimenez).

Quant à mon plan de travail ... c'est pire qu'avec un avion !!!

Hello Erik,

Pour l'établis c'est vraiment pas top !!!

Par contre, le boutre (Hey l'autre ! Il se croit encore à Djibout' !!!) est magnifique